About us / Contact

The Classical Music Network

Zurich

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Clari, ou quand Cecilia trait une vache

Zurich
Opernhaus
05/23/2008 -  et les 25, 27, 29* et 31 mai 2008
Jacques Fromental Halévy: Clari

Cecilia Bartoli (Clari), Eva Liebau (Bettina), Stefania Kaluza (Simonetta), John Osborn (Il duca), Oliver Widmer (Germano), Carlos Chausson (Alberto), Giuseppe Scorsin (Luca)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich (préparation: Jürg Hämmerli), Orchestre «La Scintilla» de l’Opernhaus, Adam Fischer (direction musicale)
Moshe Leiser, Patrice Caurier (mise en scène), Christian Fenouillat (décors), Agostino Cavalca (costumes), Christophe Forey, Martin Gebhardt (lumières), Beate Vollack (chorégraphie)


Etre une star a parfois du bon. Grâce au statut dont elle jouit aujourd’hui dans le monde lyrique, Cecilia Bartoli peut se payer le luxe de demander aux directeurs de théâtre de monter des ouvrages spécialement pour elle, fussent-ils des raretés ou des œuvres mineures, comme Clari, de Halévy, que l’Opernhaus vient d’exhumer. Ces représentations zurichoises mettent un terme à une saison qui, on le sait, a été placée pour la mezzo romaine sous le signe de Maria Malibran.


La partition de Clari dormait à la Bibliothèque Nationale de France avant d’être découverte par Cecilia Bartoli. L’ouvrage a été écrit pour la Malibran justement, et créé en 1828 avec un immense succès, sept ans avant La Juive. Ce n’est pas un hasard s’il n’a jamais été repris depuis, tant la musique n’est pas des plus inspirées et tant l’intrigue, tirée par les cheveux et d’une minceur extrême, fait sourire. Jeune fille de condition modeste, Clari est attirée par un duc, qui lui promet le mariage et la vie de château. Prenant conscience, grâce à un stratagème ourdi par les domestiques, de la légèreté des sentiments de son protecteur, Clari tente de mettre fin à ses jours puis retourne dans son village natal, où son père ne veut plus la voir. Coup de théâtre et happy end final: le duc retrouve la trace de Clari, à laquelle il jure finalement fidélité et promet le mariage tant espéré.


Ecrit à Rome durant un séjour du compositeur à la Villa Médicis, Clari est un ouvrage typiquement italien, qui fait immanquablement penser aux opéras semi seria de Rossini et qui permet d’apprécier l’auteur de La Juive sous un angle totalement nouveau. Rien que pour cela, il faut remercier Cecilia Bartoli! A Zurich, Moshe Leiser et Patrice Caurier privilégient l’aspect bouffe du livret en faisant du château du duc un appartement design aux couleurs kitsch, alors que la maison des parents de Clari est une ferme reculée dans la campagne, que le duc atteindra en 4X4. Clari a rencontré le duc sur Internet, et leur romance est racontée sur grand écran, avec des images fort drôles d’une Cecilia Bartoli en train de traire une vache! Le deuxième acte est situé quant à lui dans la salle d’attente d’un hôpital plus vrai que nature. Le duo de metteurs en scène signe un spectacle drôle et léger, truffé de gags et sans aucun temps mort, qui ravit le public.


Si la célèbre cavatine du premier acte ("Come dolce a me favelli") la montre moins à son aise que d’habitude, avec une voix à la limite de ses possibilités dans les aigus, Cecilia Bartoli se rattrape dans les vocalises finales, faisant preuve d’une agilité époustouflante. Tout au long de la soirée, elle démontrera aussi qu’elle possède une veine comique insoupçonnée. S’inspirant de la pratique de l’époque, elle introduit deux airs d’autres opéras: une cavatine extraite de La Tempesta, d’Halévy, et surtout l’air du saule de l’Otello de Rossini, chanté mezza voce, un vrai régal pour les oreilles! On retiendra également les excellentes prestations de John Osborne et d’Eva Liebau. Dans la fosse, Adam Fischer dirige avec doigté et finesse La Scintilla, l’orchestre de l’Opernhaus spécialisé dans le répertoire baroque et jouant sur des instruments anciens. Tout concourt donc à faire de cette production non seulement une belle découverte mais aussi une réussite éclatante. Quant à savoir si Clari se maintiendra au répertoire, c’est une autre histoire.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com