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Impétueux hommage

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/29/2008 -  
John Adams : Shaker loops
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour piano n° 2, opus 102
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 5 «Reformation», opus 107

Steven Osborne (piano)
Ensemble orchestral de Paris, Sian Edwards (direction)


Depuis son départ prématuré de la direction musicale de l’English national opera (1995), Sian Edwards a repris une carrière de chef invitée, qui l’avait conduite dès octobre 1989, alors seulement âgée de trente ans, à la tête de l’Orchestre de Paris. C’est toutefois avec l’Ensemble orchestral de Paris qu’elle s’est produite ces dernières années dans la capitale, depuis la création de Clara de Hans Gefors à l’occasion du centenaire de l’Opéra Comique en décembre 1998 (voir ici). Elle se présentait cette fois-ci au Théâtre des Champs-Elysées pour un bref concert au cours duquel, plutôt que de peiner à y trouver un hypothétique fil conducteur, il suffisait de savourer successivement les trois œuvres au programme.


De Shaker loops (1977/1983) d’Adams, ce classique du «minimalisme», Sian Edwards fait bien ressortir les différentes facettes: superpositions rythmiques, effets répétitifs conjuguant paradoxalement élan et statisme, mais aussi versant introspectif, s’approchant de l’esprit d’un Feldman. En l’absence de leur violon solo super soliste, Deborah Nemtanu, qui a remporté le 21 avril dernier à Londres le deuxième prix du Concours Britten, les vingt-huit cordes s’accommodent des exigences spécifiques de ces quatre parties enchaînées, même si l’on peut rêver harmoniques plus soignées.


Anglaise d’ascendance galloise, Sian Edwards accompagne ensuite l’Ecossais Steven Osborne dans le Second concerto (1957) de Chostakovitch: si le Premier, avec sa trompette obligato, entre ironie et expressivité, s’est imposé au répertoire, le Second a toujours suscité quant à lui des appréciations mitigées. Sans doute en raison des compromis que le compositeur a dû consentir pour tenir compte tant des circonstances politiques que de la nécessité d’écrire une partie soliste accessible à son fils Maxim, il est difficile de savoir, chez ce maître ès ambiguïtés, à quel degré ce concerto doit être apprécié: «assez secondaire» selon le texte de présentation remis aux spectateurs, ou bien «incompris, dégage[ant] une grande sensibilité, une violence et une certaine exubérance» si l’on en croit en revanche le soliste, ce que son interprétation fait effectivement ressortir de façon convaincante. En bis, Osborne choisit de restituer Things ain’t what they used to be tel que le joua Oscar Peterson avec le guitariste Joe Pass lors de leur rencontre salle Pleyel en mars 1975: rien de surprenant de la part de celui qui place Keith Jarrett parmi les trois pianistes qui l’inspirent le plus et qui a consacré un disque à Nikolaï Kap(o)ustin(e) (Hyperion).


Malgré les apparences, et contrairement à ce qu’indique le texte de présentation remis aux spectateurs, la Cinquième «Reformation» (1830) n’est pas «la dernière» de Mendelssohn, puisqu’il composa ensuite la Quatrième «Italienne» (1833), la Deuxième «Chant de louange» (1840) et la Troisième «Ecossaise» (1842), la numérotation rendant simplement compte de l’ordre de leur publication. Fougueuse et allante, volontiers dramatique, l’approche de Sian Edwards rappelle d’ailleurs qu’il n’avait ici que vingt ans. Un propos enrichi en muscle et allégé en graisse – ce à quoi contribue également l’effectif des cordes, qui a même trop souvent du mal à s’imposer face aux autres sections. Mais ce n’est là que le revers d’une médaille par ailleurs tout à fait séduisante: une interprétation claire et vigoureuse, éloignée de toute componction ou solennité bedonnantes dans les mouvements extrêmes, où la partition retrouve tout son sens, celui d’un impétueux hommage à la Réforme.


C’est une page beaucoup plus rare de Menselssohn que l’Ensemble orchestral de Paris présentera dès le 6 mai prochain, et ce sous le signe de la jeunesse: le Concerto pour piano et violon d’un compositeur de quinze ans, avec Jean-Frédéric Neuburger (vingt-et-un ans) et Fanny Clamagirand (vingt-quatre ans).


Le site de Steven Osborne



Simon Corley

 

 

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