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Le dix-huitiémiste et le progressiste

Paris
Musée d’Orsay
04/12/2008 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano et violon n° 8, opus 30 n° 3, et n° 9 «A Kreutzer», opus 47 – Symphonie n° 4, opus 60 (*) (transcription Franz Liszt)

Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon), Michaël Levinas, Dominique Plancade (*) (piano)


Les six week-ends «Portes ouvertes» de Radio France au Musée d’Orsay intitulés «Beethoven à Paris» offrent trois intégrales: les Quatuors par les Ysaÿe, les neuf Symphonies transcrites par Liszt, partagées entre huit pianistes, et les Sonates pour violon et piano confiées à un beethovénien réputé, Michaël Levinas, et à un chambriste non moins réputé, Jean-Marc Phillips-Varjabédian. Deux sonates au cours de chacun des cinq concerts, à raison d’un par week-end, opposant à chaque fois, ainsi que l’explique le pianiste dans un entretien reproduit dans les notes de programme, le «Beethoven progressiste» et «Beethoven dix-huitiémiste». Et le violoniste de donner en exemple ce dernier volet de l’intégrale, avec «la puissante et dévastatrice Kreutzer» face à «la légère et joyeuse Huitième».


Sur le papier, l’association entre l’un des représentants de l’école spectrale, cofondateur de l’ensemble L’Itinéraire, d’une part, et le fougueux violoniste du Trio Wanderer, d’autre part, paraissait assez improbable. Mais, pour peu que l’on ne soit pas trop regardant sur l’intonation et la technique, le duo fonctionne bien dans une Huitième sonate (1802) dont les interprètes, ne se bornant pas à pasticher Haydn et Mozart, font ressortir les arêtes et la dynamique. Dans la Neuvième sonate «A Kreutzer» (1803), plutôt que de se livrer un conflit, les deux musiciens luttent ensemble pour en donner une vision épique, expressive et généreuse, plus engagée et instinctive que précise.


Fin de l’après-midi? Que nenni, car le plus intéressant est peut-être à venir: après le traditionnel bis – l’Adagio de la Sixième sonate (1802) –, le public est invité à rester pour une séance de rattrapage. Responsable de la programmation musicale de l’auditorium, Pierre Korzilius tient en effet à ce que la rare et périlleuse entreprise consistant à donner toutes les Symphonies de Beethoven transcrites par Liszt soit menée à son terme sans la moindre lacune. Ayant déclaré forfait pour la Huitième initialement prévue pour le 13 avril, Bertrand Chamayou sera ainsi remplacé la semaine suivante par Jonas Vitaud; de même, Shani Diluka ayant dû renoncer à jouer, voici deux semaines (voir ici), la Quatrième (1806), c’est Dominique Plancade qui vient la remplacer.


Remplaçant? Le mot serait cependant déplacé, car compte tenu du délai dont il a disposé, le pianiste français, que l’on connaît pour le duo qu’il forme depuis 1992 avec Laura Fromentin mais aussi comme partenaire régulier de Laurent Korcia ou de Nemanja Radulovic, présent dans l’auditorium, s’en tire remarquablement bien, sans tricher avec les tempi. Gagnant peu à peu en assurance au fil des quatre mouvements, même s’il s’embrouille brièvement dans les reprises juste avant la coda du Scherzo, il rend justice tant à la vitalité rythmique qu’au lyrisme d’une œuvre où le «dix-huitiémiste» et le «progressiste» font bon ménage.



Simon Corley

 

 

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