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Face au modèle allemand

Paris
Sorbonne (Amphithéâtre Richelieu)
04/11/2008 -  
Franz Liszt : La lugubre gondola (Troisième élégie), S. 134
Camille Saint-Saëns : Sonate pour violoncelle et piano n° 1, opus 32
Claude Debussy : Sonate n° 1 pour violoncelle et piano

Emmanuelle Bertrand (violoncelle), Pascal Amoyel (piano)


C’est déjà l’avant-dernier des «Concerts de midi» de la Sorbonne, avec une affluence record sur les bancs de l’Amphithéâtre Richelieu: s’inscrivant dans la thématique d’une saison sous-titrée «D’une génération l’autre», Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel, qui forment un duo depuis 1999, ont choisi de confronter Saint-Saëns et Debussy. Une façon de montrer que s’ils furent tous deux attachés, l’un à l’issue de la guerre de 1870, l’autre au cours de la Première Guerre mondiale, à défendre la musique française face au modèle allemand, ils n’en ont pas moins adopté des solutions radicalement opposées.


Saint-Saëns, dans sa Première sonate pour violoncelle et piano (1872), concurrence l’esthétique germanique sur son propre terrain, tant de la forme que du langage: Un ut mineur beethovénien, un élan romantique pondéré par une solide construction classique, comme chez Mendelssohn, mais aussi une densité brahmsienne – peu d’indices révèlent la nationalité du compositeur, sinon peut-être l’Andante tranquillo sostenuto central: dans ce triptyque de forme lied, les volets extérieurs, sorte de prélude de choral, dissimulent difficilement, ainsi que le révèle Jean-Pierre Bartoli dans sa présentation liminaire, qu’ils proviennent d’une improvisation de l’organiste de la Madeleine. Sans fioritures, fermement tenu, l’archet d’Emmanuelle Bertrand n’en rajoute pas dans le pathos, faisant alterner une âpre spontanéité avec une rigueur plus apollinienne.


Le mot à double tranchant de Debussy est connu: «Saint-Saëns est l’homme qui sait le mieux la musique du monde entier». Signant «Claude Debussy, musicien français», il retourne en 1915 à Couperin avec son projet de six Sonates de musique de chambre, pas dans un esprit néobaroque, bien sûr, mais, au contraire, dans un souci de profond renouvellement esthétique. Les interprètes rendent justice, sans en exagérer les ruptures, aux différents climats qui se succèdent rapidement dans chacun des trois mouvements.


De Liszt, on sait qu’il soutint Saint-Saëns, notamment en créant Samson et Dalila à Weimar, et que ses Jeux d’eau à la Villa d’Este ouvrent des horizons debussystes. La lugubre gondole (1882) appartient également à ce dernier Liszt, qui donne une feuille de route à toutes les générations du siècle à venir, et c’est par cette Troisième élégie, sorte de prémonition de la mort de Richard Wagner, que s’était ouvert ce concert.


Le site d’Emmanuelle Bertrand
Le site de Pascal Amoyel



Simon Corley

 

 

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