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Le Maître des éléments

Vienna
Grosser Musikvereinssaal
12/19/1998 -  
Georg Friedrich Händel : Il trionfo del tempo del disinganno. Oratorio pour Soli et Orchestre, HWV 46a
Eva Mei (la Belleza), Cecilia Bartoli (Il Piacere), Marjana Lipovsek (Il Disinganno), Scot Weir (Il Tempo)
Concentus Musicus Wien, Nikolaus Harnoncourt (direction)

Certains concerts tiennent du miracle. Ils sont rares, très rares. Par une inexplicable alchimie, la conjugaison de talents divers permet d’atteindre une bouleversante qualité. Prenez ainsi un oratorio méconnu de Haendel. Peu d’auditeurs se précipiteront pour l’entendre. Afin d’éveiller l’intérêt, réunissez quelques stars. Le public sera certes au rendez-vous, mais pas forcement la qualité. Choisissez alors Nikolaus Harnoncourt comme maître du bal. Vous atteindrez alors l’exception. Ce fut le cas un soir dernier où la grande salle du Musikverein de Vienne vibra aux sons d’un orchestre et de chanteurs au meilleur de leur art, galvanisés par un chef d’orchestre halluciné et hypnotiseur. Car tout ou presque passe par le regard chez Harnoncourt. Rage, amour, douceur, dynamisme, etc. peuplent ses yeux exorbités qui savent commander et transmettre, avec hargne et générosité. Artiste survolté qui parvient à susciter l’admirable cohésion qui provoque la beauté. On sent chaque chanteur pendu à ce regard impressionnant, on le voit heureux de participer à cette messe en l’honneur de l’excellence musicale. Eva Mei, virtuose et lumineuse incarnation de la Beauté, actrice insouciante sombrant lentement devant les attaques du temps. Timbre à la riche palette, se jouant des lignes acrobatiques tout en sachant opter pour la pudique simplicité au moment souhaité. Cecilia Bartoli, musicalité et plaisir incarnés, réagissant physiquement aux moindres inflexions de l’orchestre, bouleversante d’humanité dans le Lascia la spina, aria jumelle d’une mélodie de Rinaldo. Marjana Lipovsek, vieille complice du chef, en Vérité gouailleuse et époustouflante d’aisance et de puissance dans une tessiture à la périlleuse étendue. Scot Weir, Temps blasée et moralisateur, ténor souple et chantant, complétant l’équilibre vocal esquissé par ses partenaires. Pour couronner l’ensemble, un orchestre incisif ou tendre, entonnant d’une seule voix, fasciné par son chef. Au final, une soirée passionnante, incomparable. Un grand moment de beauté musicale.



Katia Choquer

 

 

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