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Géants du quatuor

Paris
Musée d’Orsay
03/22/2008 -  et 23* mars 2008
Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 12, opus 127, et 7, opus 59 n° 1

Quatuor Ysaÿe: Guillaume Sutre, Luc-Marie Aguera (violon), Miguel da Silva (alto), Yovan Markovitch (violoncelle)


L’un des fleurons de la série de Radio France «Beethoven à Paris» et, plus particulièrement, des «Portes ouvertes» dédiées au cycle «Beethoven et la musique française» qui se tient durant six week-ends consécutifs au Musée d’Orsay, est sans nul doute l’intégrale des Quatuors offerte par les Ysaÿe, en six programmes donnés à chaque fois à deux reprises, le samedi soir et le dimanche après-midi. Préférant une confrontation des différentes périodes du compositeur à une présentation strictement chronologique du corpus entier, cette interprétation sera suivie d’un enregistrement «porté par l’élan» de ces concerts.


La deuxième étape de cette entreprise associait deux géants – les Septième (1806) et Douzième (1825) – mais le Quatuor Ysaÿe n’a pas peur des défis, puisque l’étape suivante ne proposera pas moins que les Troisième, Dixième et Treizième dans sa «version originale», c’est-à-dire avec la Grande fugue en guise de mouvement final. De véritables aubaines, enrichies des notes expertes et entretiens de Bernard Fournier: dès lors, il n’est pas surprenant que même deux séances se révèlent insuffisantes pour accueillir tous ceux qui souhaitaient prendre part à cet événement.


Car la prestation des Ysaÿe est bien loin de décevoir les espérances. Dès les accords introductifs du Douzième quatuor, ils imposent une plénitude sonore et une puissance qui ne se démentiront pas par la suite: de la «musique pure», sans doute, mais certainement pas éthérée, fusion idéale d’intensité expressive et de réserve pudique. Les deux derniers mouvements bénéficient d’un engagement et d’une vigueur rugueuse qu’on n’attendait pas nécessairement des musiciens français, mais les aspects déjà mendelssohniens du Scherzo ne sont nullement occultés pour autant.


Particulièrement allant et conquérant, le Septième se révèle bien ici comme le pendant, pour le quatuor, de ce que l’Héroïque est à la symphonie: une œuvre révolutionnaire et novatrice, notamment dans l’Allegretto vivace e sempre scherzando, qui sera bissé. Mais le mouvement lent, sans excès de pathos, n’en est pas moins fidèle à l’indication mesto, tandis que l’Allegro final rayonne d’une énergie libératrice, formidable et jubilatoire, éminemment beethovénienne, en somme.


Le site du Quatuor Ysaÿe



Simon Corley

 

 

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