About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Six plus un

Paris
Salle Pleyel
03/21/2008 -  et 18 mars 2008 (Issy-les-Moulineaux)
Erik Satie : Les Anges – Elégie – Les Fleurs – La Statue de bronze – Le Chapelier (orchestrations Robert Caby)
Francis Poulenc : La Dame de Monte-Carlo – Concerto pour deux pianos
Darius Milhaud : Quatre chansons de Ronsard, opus 223 – Le Bœuf sur le toit, opus 58

Annick Morelle My (soprano), Alexandra Valli, Sabina Stanojevic (piano)
Ensemble FA, Dominique My (direction)


Exclusivement destiné à l’origine aux salariés d’une entreprise informatique, ce concert n’a été que tardivement et discrètement ouvert au public, se traduisant donc par une affluence assez faible. Dommage pour la remarquable prestation de l’Ensemble FA – pour «franco-allemand», depuis sa création par les Instituts français de Bonn et de Brême – sous la direction de sa fondatrice, Dominique My, s’aventurant une fois n’est pas coutume hors du répertoire contemporain qu’elle défend avec ses musiciens depuis 1987. Dommage aussi pour un intéressant programme qui, associant des œuvres du père spirituel du «Groupe des six» et de deux de ses plus illustres membres, se déroule dans une atmosphère bon enfant, où chacune des apparitions du régisseur est saluée par des applaudissements nourris.


Les cinq mélodies de Satie chantées par Annick Morelle My donnent un aperçu on ne peut plus contrasté du compositeur. Trois des Cinq mélodies de 1886 – il n’a alors que vingt ans – le montrent d’abord sous un jour inattendu, radieux et éthéré, quasi fauréen et, en tout cas, mystique, sur des poèmes de J. P. Condamine de Latour qui, dans Les Antiques, devait forger le mot «gymnopédie». Deux des Trois mélodies de 1916 permettent ensuite de mesurer l’évolution intervenue durant ces trente années: le surréalisme et l’esprit des «Six» s’annoncent déjà. Malgré la subtilité des orchestrations de Robert Caby, la soprano peine à s’imposer dans le vaste espace de Pleyel: la reproduction des textes dans les notes distribuées au public ne compense que partiellement la frustration de ne pouvoir mieux profiter d’une interprétation qui paraît à la fois sensible et soignée.


L’immense catalogue de Milhaud recèle bon nombre de trésors cachés. C’est le cas des Quatre chansons de Ronsard (1941): nul pastiche Renaissance, mais un exercice de colorature particulièrement périlleux, dans un esprit léger et raffiné, très légèrement teinté de glamour (A une fontaine) ou de couleurs sud-américaines (Tais-toi, babillarde), tandis que Dieu vous gard’ retrouve la robustesse de la Suite provençale. Inutile en revanche de présenter Le Bœuf sur le toit (1919): Dominique My met en valeur la crudité mais aussi la subtilité de l’écriture polytonale, réservant quelques moments de pure poésie, sans parvenir aussi bien à restituer tout le mordant, la souplesse et la folie que cette musique peut apporter.


Auteur de l’argument de ce ballet, Cocteau, à peine moins corrosif quatre décennies plus tard, a également écrit La Dame de Monte-Carlo (1961) pour Poulenc: Annick Morelle My revient en longs gants et robe noirs, aigrette et éventail de plumes assortis, pour chanter ce bref monologue désabusé, qui, bien loin des «années folles», sonne comme un appendice à l’opéra La Voix humaine, lui aussi conçu pour Denise Duval. Retour à l’âge d’or des «Six», pour conclure, avec le Concerto pour deux pianos (1932): accompagnée par une formation dont l’effectif (vingt-six cordes) ne les contraint pas à forcer, Alexandra Valli et Sabina Stanojevic offrent une lecture vive et captivante, d’excellente tenue technique et stylistique, d’une partition que son apparence composite rend pourtant difficile à appréhender.


Le site de l’Ensemble FA



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com