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Les portes du paradis

Paris
Salle Gaveau
03/15/2008 -  et 16* mars 2008
Johannes Brahms : Ein deutsches Requiem, opus 45
Gabriel Fauré : Requiem, opus 48

Valérie Yeng-Seng (soprano), Vincent Lecornier (basse)
Orchestre et Chœur symphonique de Paris, Xavier Ricour (direction)


Si les affinités entre la musique de chambre de Brahms et de Fauré sont parfois mises en valeur, à l’image de l’intégrale croisée programmée la saison dernière au Musée d’Orsay, les requiems de ces deux compositeurs présentent également d’intéressantes similitudes, qui justifiaient leur rapprochement dans ce programme particulièrement ambitieux, ne serait-ce que par sa durée, proposé à deux reprises par le Chœur et l’Orchestre symphonique de Paris. Ecrivant pour un effectif vocal et instrumental très proche, dont les violons sont d’ailleurs exclus au départ, Brahms (1868) et Fauré (1888/1899) s’éloignent en effet de l’approche traditionnelle du genre, volontiers sombre et spectaculaire, à la Berlioz ou à la Verdi, pour adopter une tonalité générale plus apaisée que tragique, adaptant à cette fin les textes chantés, l’un en puisant dans la Bible, l’autre renonçant notamment au Dies iræ.


De même que «critique» signifie aussi bien «commentaire» que «reproche», «amateur» est l’un de ces mots qui peuvent avoir un sens positif («celui qui aime») en même temps que péjoratif («dilettante», voire «médiocre»). On ne vient pas ici pour comparer avec «Karajan 1947» ou «Klemperer 1961», mais pour admirer le travail d’un groupe d’hommes et – surtout, comme dans tous les ensembles amateurs – de femmes unis par la même passion du chant choral. Et pourquoi l’émotion emprunterait-elle nécessairement le chemin de la perfection technique?


Au demeurant, Xavier Ricour ne se contente pas d’assurer la mise en place, adoptant et assumant les partis pris d’une véritable interprétation: dans la marche du deuxième mouvement de Brahms, la lenteur suggère quelque chose de monumental, tandis qu’un tempo inhabituellement allant traduit l’élan des fugues des troisième et sixième mouvements. De même, malgré de plus grandes difficultés d’intonation mais avec une meilleure qualité de prosodie, les tentations sulpiciennes ne viendront pas affadir Fauré.


L’orchestre est de taille modeste (vingt-neuf cordes), avec orgue mais sans contrebasson (l’un comme l’autre ad libitum) – ce qui ramène Brahms à Bach, en fin de compte, et ne nuit en rien à Fauré, qui n’avait pas donné à l’origine un caractère «symphonique» à son œuvre – mais tout le monde n’en a pas moins du mal à tenir sur la scène de la Salle Gaveau. Ce manque d’espace comporte toutefois un aspect positif, la relégation des cuivres et timbales sous l’avancée des balcons constituant sans doute un avantage en termes acoustiques, même si l’équilibre avec la masse chorale a tendance à privilégier cette dernière. Enfin, les deux solistes s’illustrent de façon inégale: si Vincent Lecornier a tendance à détimbrer et à perdre en rondeur dans l’aigu, le legato et la justesse de Valérie Yeng-Seng ouvrent aux auditeurs les portes du paradis.


Le site du Chœur symphonique de Paris



Simon Corley

 

 

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