Back
Un requiem tchèque Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 03/14/2008 - 16 mars 2008 (Rotterdam) Antonin Dvorák: Requiem, opus 89 Katerina Beranová (soprano), Dagmar Pecková (mezzo), Peter Straka (ténor), Christopher Maltman (baryton)
Chœur Philharmonique de Brno, Petr Fiala (chef de chœur), Orchestre National de Belgique, Walter Weller (direction)
Le Requiem (1890) de Dvorák est l’œuvre d’un homme d’âge mûr et au faîte de sa créativité artistique. Très pieux, le compositeur n’en était pas à sa première tentative dans le genre sacré puisque l’on compte un très important Stabat Mater, commencé en 1875 et achevé deux ans plus tard, le bref Psaume 147 ou encore quelques messes dont une perdue et une autre détruite. De par ses vastes proportions (un peu plus de quatre-vingt dix minutes de musique) et les forces qu’il requiert (un orchestre fourni, un chœur mixte et quatre solistes), son Requiem se destine au concert plutôt qu’au culte.
L’amour que porte Walter Weller pour Dvorák, et plus largement pour la musique du XIXe siècle, se perçoit dans cette interprétation aux teintes automnales, baignée de brume et réalisant une alchimie d’émotion, de pudeur et de nostalgie. Ce Requiem, peu dramatique, bien que d’une grandeur par moments écrasante, exige que transparaissent ces aspects essentiels. Sensible aux nuances et aux contrastes entre les accalmies et les déchaînements, l’Orchestre National de Belgique répond avec discipline à la direction empreinte de sagesse de son directeur musical. Sans afficher une inattaquable perfection, la mise en place, ainsi que l’équilibre établi avec le chœur, n’accusent aucune faille majeure et la qualité instrumentale de cette prestation se doit d’être soulignée, en particulier celle des cordes, denses, homogènes et expressives.
S’associer avec l’excellent Chœur Philharmonique de Brno était pour l’orchestre une garantie de réussite. Placée sous la direction de son fondateur Petr Fiala, la formation morave, experte dans ces grandes pages sacrées, participe pour beaucoup au sentiment d’exaltation dénué de drame que suscite ce Requiem. Les quatre solistes, tous Tchèques à l’exception du baryton anglais Christopher Maltman – dont la présence rappelle par ailleurs que l’ouvrage fut créé à Birmingham – se mettent au diapason de la conception d’ensemble. L’extatique ténor Peter Straka et Christopher Maltman, voix puissante et bien profilée, marquent davantage les esprits que les dames, la soprano Katerina Beranová, vocalement discrète, peinant à s’imposer face à l’orchestre.
Sébastien Foucart
|