About us / Contact

The Classical Music Network

London

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une Salomé d'exception

London
Covent Garden
03/03/2008 -  et 6, 8, 12 mars 2008
Richard Strauss: Salomé
Nadja Michael (Salome), Michael Volle (Jochanaan), Thomas Moser (Herodes), Michaela Schuster (Herodias), Joseph Kaiser (Narraboth), Daniela Sindran (Un page), Adrian Thompson, Martyn Hill, Hubert Francis, Ji-Min Park, Jeremy White (les 5 Juifs), Ian Peterson, Julian Tovey (les 2 Nazaréens), Christian Sit, Alan Ewing (les soldats)
Orchestre du Royal Opera House de Covent Garden, Philippe Jordan (Direction)
David McVicar (Mise en scène)


Voici une représentation de Salomé qui n’est pas pour les âmes sensibles, le type même de spectacle qui vous interpelle, vous prend aux tripes et dont le souvenir ne vous lâche plus facilement. Loin du kitsch orientalisant traditionnel, David McVicar nous offre une scène moderne aux lumières volontairement crues, où personne ne peut se cacher ni ignorer les atrocités qui se sont passés ainsi que celles qui se déroulent devant nous. Sang, violence, nudité, déviances des personnages, … tout cela nous est exposé sans artifice ni fard.


Le moment fort de ce spectacle est une stylisation de la danse des sept voiles. McVicar procède à un saisissant changement de décor où Salomé et Hérode passent successivement par sept portes qui rappellent la jeunesse de l’héroïne et où est évoqué subtilement mais fermement que la fascination d’Hérode sur sa nièce l’a déjà rendu fort coupable dans le passé. Son « Herrlich » qui suit la Danse n’est un commentaire d’esthète après un spectacle un peu suggestif mais prend une signification bien plus terrible.


Cette conception ne pourrait prendre sa force sans des chanteurs – acteurs de premier plan. Nadja Michael est une soprano allemande qui évoque ce que demandait Strauss : « une jeune fille de 16 ans avec la voix d’une Isolde ». En plus d’un physique très crédible, c’est une superbe actrice très versatile qui dépeint une Salomé volontaire et manipulatrice, confiante dans sa capacité à se jouer des hommes comme elle le veut. Michael a démarré comme mezzo et a gardé un medium de grande qualité. Ses aigus pourraient être un peu plus lumineux mais elle compense par un jeu d’une grande intensité et une grande intelligence du texte. A ses cotés, l’autre grand chanteur de la soirée est Thomas Moser. Hérode est souvent confié à des ténors en fin de carrière qui ont tendance à déclamer ce rôle. Moser fait exactement le contraire, il le chante avec un souci de la ligne, du timbre et des mots. Strauss savait ce qu’il fallait et Moser lui fit calmement confiance. Le Jochanaan de Michael Volle est une prise de rôle. Le baryton a les notes et le physique du prophète mais il est plus à son aise dans la confrontation avec Salomé que dans les déclamations où son phrasé ne pourra que gagner en subtilité.


Philippe Jordan et ses musiciens ne sont pas en reste. L’orchestre joue magnifiquement pour le futur chef de l’Opéra de Paris. Les cordes prennent de la couleur et un brillant que Strauss aurait apprécié, les interventions des bois prennent beaucoup de relief et les cuivres font preuve d’une très grande assurance et d’une solidité en dépit de la terrible difficulté de l’œuvre. Nous ne sommes pas à Vienne mais très proches. Comme c’est souvent le cas avec Jordan, il y a un niveau de maitrise et de contrôle très poussé qui permet à tous les musiciens, sur scène et dans la fosse, de trouver leur place, de s’exprimer avec confiance et de donner le meilleur d’eux-mêmes. Que demander de plus ?


Amateurs de Strauss, vous aurez compris. Prenez tout de suite une place dans l’Eurostar et précipitez vous à Londres pour assister à cette Salomé tout simplement exceptionnelle.



Antoine Leboyer

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com