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Les yeux clos

Paris
Conservatoire national de région
02/14/2008 -  
Bruno Ducol : Femme en transe par la fuite des étoiles filantes (extrait des «Vibrations chromatiques», opus 26) – Treize fenêtres, opus 33
Maurice Ohana : Imitations - Dialogues (extrait des «Etudes d’interprétation») (*)

Loïg Delanoy (*) (piano), Eunhye Kim (*) (percussion), Trio Pennetier: Jean-Claude et France Pennetier (piano), Georges Pennetier (percussion)


«L’atelier contemporain» de Corinne Schneider au Conservatoire national de région de Paris accueillait une «classe de maître» donnée par Jean-Claude Pennetier autour d’œuvres de Maurice Ohana (1914-1992) et de Bruno Ducol (né en 1949). Le fruit de cette studieuse matinée était présenté en début de soirée: Loïg Delanoy et Eunhye Kim, étudiants au CNR, se tirent remarquablement d’affaire dans Imitations - Dialogues, dernière des six pièces du Second livre (1985) des Etudes d’interprétation d’Ohana. Comme dans la cinquième, le piano trouve dans la percussion un prolongement révélé de longue date par Bartok et, conformément à son titre, cette étude met tour à tour en valeur la fusion et l’opposition des deux éléments.


En prélude et en postlude à cette page d’Ohana, Jean-Claude et France Pennetier avaient choisi l’avant-dernière des sept Vibrations chromatiques (2001) de Ducol, «pièces d’études rythmiques» pour deux pianos faisant suite à un premier cahier de six Etudes de rythme (1992) pour piano seul. Dans cette Femme en transe par la fuite des étoiles filantes, que le compositeur qualifie lui-même de «climatique», l’économie de moyens – cordes pincées, marmonnement de la pianiste, brefs éclats des claviers – est inversement proportionnelle à la force poétique.


Bruno Ducol annonce pour janvier prochain la création de son quatrième cahier d’études rythmiques pour piano, percussion et grand orchestre: c’est un processus d’accroissement qui se poursuit ainsi, car le troisième cahier, intitulé Treize fenêtres (2006), est écrit pour deux pianos et percussion, un effectif correspondant à celui du trio formé en 2004 par les époux Pennetier et leur fils Georges, auxquels la partition est dédiée. Deux pianos et percussion accompagnaient déjà, dans Li Po (1994), soprano, haute-contre et chœur d’enfants (voir ici), mais le propos affiche ici une plus grande ambition.


Rythme antique fondamental et générateur, voix préenregistrées au déclenchement quelque peu capricieux (chant, récits en français ou en anglais, fraîcheur des questionnements enfantins) venant colorer quelques pièces – on reconnaît certes l’élève de Messiaen et Schaeffer. Mais ces Fenêtres requièrent en outre un support visuel, avec la projection de tableaux (de Rembrandt à Tapiès en passant par Vermeer, Bonnard, Picasso, Soulages et Irvin) aux côtés desquels sont reproduits les textes préenregistrés.


Faute de dispositif adéquat à l’auditorium Marcel Landowski du CNR, c’est donc les yeux clos que l’auditeur peut se livrer à ces vingt-deux minutes inspirées par les «prisons imaginaires» de Piranèse. Libre à lui d’associer ainsi ses propres images à ces ouvertures musicales sur l’enfermement dans la souffrance ou le plaisir, comme ces deux fugaces Trouées qui viennent aérer et éclairer Les Soupiraux du Tartare, ou bien les développements raffinés de la pièce conclusive, les Les Tabatières de ton corps, invitant «à refaire le chemin, plus fantasmatique que réel, d’un autre Temps retrouvé où, comme chez Proust, s’inverse le rythme de vies successives révolues».



Simon Corley

 

 

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