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«Pur Beethoven»

Paris
Salle Pleyel
02/03/2008 -  et 26 (Basingstoke), 28 (Stuttgart), 30 (Frankfurt) janvier, 5 (Hamburg), 6 (Amsterdam), 7 (London) février 2008
Ludwig van Beethoven : Die Geschöpfe des Prometheus (Ouverture), opus 43 – Concerto pour piano n° 4, opus 58 – Symphonie n° 3 «Eroica», opus 55

Maria Joao Pires (piano)

London symphony orchestra, John Eliot Gardiner (direction)


Du 21 janvier au 7 février, l’Orchestre symphonique de Londres effectue un périple européen (Allemagne, Pays-Bas, France) intégralement consacré à Beethoven («Pure Beethoven»): un concerto pour piano, deux ouvertures et trois symphonies, permettant de composer divers programmes, dont deux sont successivement proposés à Paris, sous la direction de John Eliot Gardiner.


Omniprésent cette saison dans la capitale, le chef anglais démontre ainsi une étonnante capacité à changer d’époque, de style et d’effectif instrumental, depuis ses Solistes baroques anglais dans Bach en septembre (voir ici) jusqu’à l’Orchestre national dans des œuvres de Duruflé, Messiaen et Poulenc (5 et 6 juin), en passant par son Orchestre révolutionnaire et romantique dans Brahms en novembre (voir ici et ici) ou pour la réouverture de l’Opéra-Comique en décembre (voir ici).


Cette tournée s’inscrit en même temps dans le cadre de la collaboration étroite que la Salle Pleyel entretient avec l’Orchestre symphonique de Londres, qui s’y produit avec quatre chefs différents cette saison: après Antonio Pappano en novembre, ce sera le tour, en mars, de Valery Gergiev, son principal conductor, puis, en juin, de Bernard Haitink.


Gardiner a enregistré avec l’Orchestre révolutionnaire et romantique l’une des meilleures intégrales Beethoven sur «instruments anciens» (Archiv), tandis que l’Orchestre symphonique de Londres a récemment édité sous sa propre étiquette (LSO live) les neuf Symphonies sous la direction de Haitink, dont Paris avait pu bénéficier d’un aperçu la saison dernière (voir ici). L’association du chef et de l’orchestre était donc prometteuse.


Dès l’Ouverture du ballet Les Créatures de Prométhée (1801), John Eliot Gardiner impose sa marque: une poigne et un sens dramatique – l’Adagio tendu et très retenu contrastant avec l’Allegro molto con brio virtuose et punchy – bien davantage que le style caractéristique des «baroqueux». Point ici de sécheresse des phrasés ni de précipitation systématique du tempo, et, s’il renonce totalement au vibrato, il fait néanmoins appel à des instruments modernes et à un effectif standard (quarante et une cordes): guère de rondeur, sans doute, mais de la souplesse.


Voici près de quatre ans, Maria Joao Pires avait donné un étonnant Quatrième concerto (1806) avec Emmanuel Krivine et l’Orchestre national (voir ici). L’entrée en matière reste inhabituelle – l’accord initial est arpégé – mais la suite se révèle d’un parfait classicisme et, surtout, d’une impeccable musicalité, privilégiant la hauteur de vue sur la couleur, comme dans l’Andante con moto, dépourvu de tout pathos inutile (et sous un déluge de toux): un refus des artifices qui se prolonge, en bis, grâce à l’admirable simplicité du chant dans le Largo du Concerto en fa mineur de Bach.


Dans la Troisième «Héroïque» (1804), l’élan moteur si essentiel dans Beethoven, et particulièrement dans cette symphonie révolutionnaire tant par sa dédicace originelle à Bonaparte que par ses innovations esthétiques ou sa durée, ne fait jamais défaut, au point que l’énergie, soutenue par des timbales très présentes, confine parfois à la violence. Le travail sur les nuances dynamiques paraît parfois un peu trop étudié, de même que celui sur la sonorité des cors, mais les attaques claquent d’autant plus fièrement qu’elles démontrent la belle cohésion d’un orchestre qui se distingue plus par sa discipline collective que par ses qualités individuelles.


Le site de l’Orchestre symphonique de Londres



Simon Corley

 

 

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