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Le retour de l’enfant prodige

Paris
Salle Pleyel
01/30/2008 -  et 31* janvier 2008
Antonin Dvorak : Symphonie n° 8, opus 88, B. 163
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1, opus 15

Daniel Barenboim (piano)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Les indices ne trompent pas: affluence des grands soirs à Pleyel, près d’un quart d’heure de retard, programme inversé (symphonie en première partie, concerto en seconde) – il se passe donc certainement quelque chose à l’Orchestre de Paris. Mais ce n’est pas une raison pour oublier la tonalité slave de la saison, même si d’autres concerts autour de cette thématique se révéleront sans doute plus probants. Car dans la Huitième symphonie (1889) de Dvorak, Christoph Eschenbach se pose en descendant de Karajan, privilégiant l’épaisseur et la profondeur des timbres, l’emphase et la lourdeur du propos, mais aussi le caractère décoratif de l’écriture. Une vision wagnérienne en même temps qu’une sorte de concerto pour orchestre à mille lieues de l’élan et de la spontanéité inhérents à cette musique, d’autant que quelques coupables afféteries viennent ici ou là défigurer la partition.


L’attraction principale était toutefois la présence de Daniel Barenboim auprès de la formation dont il fut le directeur musical entre 1975 et 1989. Si la carrière de l’enfant prodige a connu bien d’autres étapes, de Londres à Milan en passant par Chicago et Berlin, sans oublier son engagement politico-musical en faveur de la paix, au travers de l’Orchestre du divan occidental-oriental, il n’en a pas moins passé près de quinze ans à Paris. Un mandat marqué par de nombreux apports: la fondation du Chœur de l’Orchestre de Paris, la création des cycles de musique de chambre, le retour de Pierre Boulez dans la capitale, les «concerts à deux orchestres» avec l’Ensemble intercontemporain… C’était le temps du Palais des Congrès puis de la Salle Pleyel, sans oublier une série d’opéras de Mozart au Théâtre des Champs-Elysées.


Le Premier concerto (1858) de Brahms témoigne d’ailleurs parfaitement des affiches brillantes que proposait alors l’Orchestre de Paris: dès mars 1972, avant même d’y être nommé, Barenboim avait dirigé Arthur Rubinstein, suivi de Radu Lupu (juin 1979) et de Claudio Arrau (mars 1983). Mais il le donna également au clavier, sous la direction de Zubin Mehta (juin 1981 et décembre 1983) et de Rafael Kubelik (mai 1983).


Ce n’était pas le chef qui faisait ici son retour dans cette œuvre, près de dix-neuf ans après ses adieux dans le Requiem de Verdi (10 juin 1989), mais le soliste. Soliste dans le mauvais sens du terme, hélas, se laissant aller au sentimentalisme, se faisant plaisir et freinant sans cesse une allure déjà bien ralentie par un accompagnement parfois étonnamment approximatif et souvent trop appuyé, entre grandiloquence et guimauve. Trop d’irrégularités, non seulement techniques, mais dans les nuances, le tempo et les phrasés – son jeu ne trouve davantage de rigueur et de dépouillement que dans l’Adagio.


Sincérité ou désinvolture? En tout cas, une nouvelle déception pour le Premier concerto de Brahms, trois semaines après la prestation de Stephen Hough à l’Orchestre national (voir ici). Mais le moment n’en était pas moins visiblement émouvant pour les musiciens, comme pour le public, qui réserve à Barenboim une ovation debout déclenchée par Etienne Vatelot. Et Liszt lui réussit bien mieux, avec en bis un magnifique Sonnet CXXIII de Pétrarque, extrait de la Deuxième (Italie) des Années de pèlerinage (1849).


Le site de Daniel Barenboim



Simon Corley

 

 

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