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En attendant New York

Paris
Salle Pleyel
01/11/2008 -  
Qigang Chen : Enchantements oubliés (création mondiale, commande de Radio France)
Felix Mendelssohn : Concerto pour piano et orchestre n°1 en sol mineur, opus 25
Robert Schumann : Symphonie n°3 en mi bémol majeur « Rhénane », opus 97

Lars Vogt (piano)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Alan Gilbert (direction)

Peu connu en France, peu médiatisé, le chef américain Alan Gilbert a pourtant un parcours déjà riche, avec notamment la direction de l’Orchestre Royal Philharmonique de Stockholm, qu’il quittera en mai prochain, après avoir organisé des festivals consacrés à Adams, Dutilleux ou Henze, témoignant par là de son attachement à la musique d’aujourd’hui. L’Opéra de Vienne, en septembre 2007, l’a invité à diriger Carmen. A partir de l’automne 2009 il sera le successeur de Lorin Maazel à la tête de l’Orchestre Philharmonique de New York. Nommé au printemps, il commencera à travailler avec l’orchestre dès cette année. Le concert donné avec le Philhar’ salle Pleyel méritait donc le détour.
Pas pour la création mondiale d’Enchantements oubliés de Qigang Chen, dont le CD édité par Virgin laissait espérer mieux que ces vingt minutes languissantes et sirupeuses qui semblent d’un autre âge – ou plutôt sans âge. On croirait que l’auteur de la musique d’Epouses et concubines a écrit là une bande sonore de film à l’eau de rose. Le texte du programme a beau expliquer que la partition, derrière son apparente simplicité, est d’une certaine complexité, on s’ennuie ferme à l’écoute de ce hors-d’œuvre fadasse sollicitant cordes, percussions, piano et harpe. Cet élève de Messiaen, qui ne craint pas de revendiquer, comme son maître, un goût prononcé pour la mélodie, a été plus inspiré dans sa carrière. On oubliera sans avoir été enchanté.
Le Premier Concerto pour piano de Mendelssohn a, lui, gardé toute sa saveur. Malgré un beau travail sur les couleurs et le rythme, le chef ne s’y est pourtant guère montré à son avantage, dramatisant le propos à l’excès, tirant la partition, dans le premier mouvement, vers le Brahms du Premier Concerto, assez décousu finalement, peut-être parce qu’il veut faire dire à la musique ce qu’elle ne dit pas. Lars Vogt, après avoir commencé lui aussi comme s’il interprétait le Premier de Brahms, a, dès le second thème duMolto allegro con fuoco, heureusement montré qu’il n’allait pas jouer les titans. On est alors revenu à Mendelssohn, avec une lecture pleine d’élan et de fraîcheur, une virtuosité tempérée : l’Andante est d’une limpidité mozartienne, très clair dans le passage en triples croches ; le Presto final caracole, non sans panache, la sonorité restant bien timbrée dans les traits. La transition s’opérait ensuite tout naturellement avec le Nocturne en do dièse mineur (opus posthume) de Chopin donné en bis, sobre, pur de lignes comme une Invention ou un Prélude de Bach, modèle absolu du Polonais et de Mendelssohn.
C’est dans la Symphonie « Rhénane » de Schumann que le chef américain allait enfin donner sa mesure. Direction sanguine, généreuse, qui privilégie avant tout la pulsation, l’assise rythmique de l’œuvre, que le danger de la lourdeur ne guette plus, notamment dans le Feierlich. Tempi justes, jusque dans le Scherzo si difficile à réussir, couleurs franches, structures dégagées : Alan Gilbert construit son interprétation, ne se laisse pas griser par les explosions jubilatoires des mouvements extrêmes, sait différencier les atmosphères. On aimerait seulement parfois plus de raffinement dans la dynamique et les couleurs. L’orchestre, visiblement séduit, suit en tout cas avec bonheur un chef qui a, de toute évidence, du charisme et un tempérament : ce n’est pas si fréquent.



Didier van Moere

 

 

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