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Bons baisers de Bayreuth

Paris
Opéra-Comique (Salle Bizet)
12/19/2007 -  
Emmanuel Chabrier : Trois valses romantiques – Souvenirs de Munich
Maurice Ravel : Ma mère l’oye – La Valse
Gabriel Fauré/André Messager : Souvenirs de Bayreuth

Lidija et Sanja Bizjak (piano)


Parmi les multiples manifestations proposées parallèlement aux représentations de L’Etoile à l’Opéra-Comique (voir ici), deux programmes sont donnés chacun à trois reprises à l’heure du déjeuner sous le regard approbateur du buste de Bizet qui orne la salle éponyme: des mélodies françaises avec Marc Mauillon et Anne Le Bozec (voir ici) et un récital des sœurs Bizjak, à quatre mains et à deux pianos.


Tout part des Trois valses romantiques (1883) de Chabrier, où la vigueur et le mordant du duo serbe évitent tout fâcheux dérapage. Ravel, auteur d’un bref A la manière de Chabrier, ne pouvait être absent: dans Ma mère l’oye (1910), le miracle d’Argerich et Freire la veille au soir à Gaveau (voir ici) ne se renouvelle pas: Petit poucet et Les Entretiens de la Belle et de la Bête sont rapides et manquent de respiration et, plus généralement, le piano se fait trop analytique, avec une sonorité parfois un peu dure.


Cinq pièces également, mais d’une toute autre nature, en revenant à Chabrier et à ses Souvenirs de Munich (1886), «quadrille sur les thèmes favoris de Tristan et Isolde»: d’une vigoureuse santé, n’épargnant au public aucune reprise, Sandra et Lidija Bizjak n’en laissent pas moins s’exprimer une franche moquerie. Les flonflons comme antidote au wagnérisme: la recette avait déjà été expérimentée quelques années plus tôt par Fauré et Messager dans leurs Souvenirs de Bayreuth (1880), «Fantaisie en forme de quadrille sur les thèmes favoris de L’Anneau de Nibelung». Mais n’est-ce pas, selon le principe de l’arroseur arrosé, la mécanique du quadrille, bien plus que les opéras de Wagner, qui est, au bout du compte, davantage tournée en dérision? Car sous la trivialité, percent de sublimes mélodies que les musiciennes ne peuvent s’empêcher de faire chanter.


Comme dans les Valses romantiques, l’intention parodique n’est pas absente de La Valse (1920) de Ravel, mais le propos se révèle autrement plus sombre. La veille à Gaveau, l’œuvre ouvrait la soirée, dans sa réduction pour piano seul, mais avait été défigurée par Maurizio Baglini. Rien de tel pour conclure cette heure de musique, dans la version pour deux pianos, également due au compositeur: bien au contraire, c’est ici une splendide réalisation, qui n’en rajoute pas dans l’alanguissement et construit sans faiblir une spectaculaire progression vers l’inéluctable effondrement final. En bis, la Berceuse initiale de Dolly (1897) de Fauré laisse les spectateurs sur une impression plus souriante mais aussi sur l’envie de retrouver les sœurs Bizjak, qui se produiront dès le 10 janvier prochain Salle Cortot.



Simon Corley

 

 

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