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Décapant

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/03/2007 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour violon, opus 35 – Symphonie n° 5, opus 64

Vadim Repin (violon)
Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, Youri Temirkanov (direction)


Après Pleyel voici quelques mois (voir ici), l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg se produit pour trois soirées au Théâtre des Champs-Elysées, auquel il est attaché de très longue date: des retrouvailles qui marquent également, après Mahler en février dernier, un retour à la grande tradition, avec trois concerts (en quatre jours) intégralement consacrés à Tchaïkovski. L’affiche ne brille certes pas par son originalité, d’autant que le compositeur est particulièrement à l’honneur cette saison dans la capitale, aussi bien à l’Orchestre de Paris qu’au Philharmonique de Radio France, mais on ne pourra jamais se lasser d’entendre la légendaire phalange de Mravinski dans ce répertoire: avec Youri Temirkanov, directeur artistique et chef principal depuis maintenant près de vingt ans, elle donne ainsi les trois dernières Symphonies, chacune complétée par la prestation d’un jeune soliste russe, Denis Matsuev, Sergeï Nakariakov et Vadim Repin.


Sous la lumière aveuglante d’une dizaine de projecteurs tournés vers la salle, apparemment pour les besoins d’une captation audiovisuelle, le violoniste se fait désirer de longues minutes. Occasion de lire la note de programme de Dominique Druhen sur le Concerto pour violon (1878): «Il faut croire en l’émotion de la virtuosité. Du funambule sur le fil.» – une recommandation qui se révèle remarquablement pertinente pour qualifier le jeu de Repin. Car sa puissance et son assurance coutumières ne font pas pour autant de lui l’une de ces machines froides et insipides alignant les traits avec autant de perfection que de prudence: il prend des risques, non seulement techniques – comme dans un irrésistible final, vraiment vivacissimo comme le requiert la partition – mais aussi esthétiques, ne craignant pas d’affronter ce que le propos peut avoir d’expressif, voire de sentimental.


S’il provoque parfois des frissons dans le public, le funambule ne tombe jamais de son fil, faisant vivre la musique à chaque instant et entretenant un véritable dialogue avec l’orchestre, loin des visions figées et académiques dont on se contente trop souvent pour de tels chevaux de bataille. Repin, avant de revenir dès les 6 et 7 février prochain à Pleyel avec Neeme Järvi et l’Orchestre de Paris dans le Concerto de Sibelius, se fait un peu prier mais n’en remercie pas moins les auditeurs de façon très généreuse, avec le premier mouvement de la Quatrième sonate (1923) d’Ysaÿe.


En seconde partie, Temirkanov décape la Cinquième symphonie (1888) de tout vernis pompeux et larmoyant, dans une approche extrêmement personnelle, conduite avec fermeté et panache, expressionniste, péremptoire et cinglante, rude et austère, objective si elle n’était en même temps épique: on pense souvent à Sibelius, qui, dix ans plus tard, écrit sa Première symphonie dans la même tonalité de mi mineur. Le tempo est vif, et s’il fluctue beaucoup, ce n’est pas pour tomber dans les pièges du ralenti complaisant: le deuxième mouvement est abordé comme une véritable romance andante, et non pas comme un adagio de concerto pour cor, tandis que le troisième offre un divertissement faussement léger, un peu raide, davantage que les séductions d’une valse. Sauvage et halluciné, le final mène à une péroraison plus triomphale que grandiose ou pesante. Une interprétation hors norme, de même que les étonnantes couleurs de l’orchestre russe: attaques acérées et cohésion des cordes, verdeur et présence des bois, éclat des cuivres.


Deux courtes pièces répondent à une ovation d’une rare intensité: d’une élégance parfaitement viennoise, totalement insoupçonnable après un tel déchaînement symphonique, l’arrangement pour cordes seules du Troisième (parfois appelé «Air russe») des six Moments musicaux (1823) de Schubert est suivi de la Danse russe extraite de Casse-noisette (1891) de Tchaïkovski, dont la fougue se concilie avec la poigne de Temirkanov.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg
Le site de Youri Temirkanov
Le site de Vadim Repin



Simon Corley

 

 

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