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Le charme de l’atypique

Toulouse
Halle aux grains
11/15/1998 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Suite pour cordes d’après Bastien et Bastienne, le Divertimento n° 11, la Cassation n° 2 et la Symphonie n° 2 (arrangement Barbirolli)
Johann Sebastian Bach : Concerto pour piano en ré mineur BWV 1052 (transcription Busoni)
Camille Saint-Saëns : Wedding cake, pour piano et cordes
Alan Hovhaness : Lousadzak (coming of light), op. 48 pour piano et cordes
Arnold Schönberg : Suite pour cordes en sol majeur
Setrak (piano), Orchestre de Chambre National de Toulouse, Alain Moglia (direction)

C’est de rencontres atypiques que ce concert est né. Mené par l’insatiable curiosité de son premier violon et directeur artistique Alain Moglia, l’Orchestre de Chambre National de Toulouse se voue, en marge de nos orchestres symphoniques, à un répertoire très large au sein duquel la création a une place très importante. Il rencontre ici Setrak, pianiste très rare à la scène, lui aussi défricheur de partitions (1). Le programme affiche une joyeuse diversité, de la confrontation Bach/Busoni au Wedding cake de Saint-Saëns, charmante pâtisserie pleine de joie de vivre, de la rencontre Mozart/Barbirolli au Lousadzak du compositeur américain Hovhaness, habité d’un ennivrant et virtuose mouvement perpétuel, jusqu’à la Suite pour cordes en sol majeur de Schönberg, qui mêle les références les plus anciennes à une écriture éminemment moderne.

La radicalité du programme est bien servie par ses interprètes. L’orchestre évolue en sonorités extrêmes. Léger et précis dans Mozart, le jeu est vigoureux et presque agressif dans Schönberg. Le Concerto de Bach, occasion d’une guerre des tempos opposant soliste et orchestre, fut quelque peu déroutant pour l’auditeur. Le discours est pourtant demeuré cohérent, certains moments d’une oeuvre qui, sous la plume de Busoni, a gagné en moelleux et en complexité harmonique, furent très denses. Le pianiste obtient de son instrument les sonorités les plus diverses. Son toucher franc va jusqu’à évoquer tantôt l’orgue, tantôt le xylophone. La cadence du dernier mouvement lui donna l’occasion de se laisser porter par toutes les qualités d’un interprète familier des grandes pièces romantiques.
La pièce de Saint-Saëns fut délicieuse, boursouflée juste ce qu’il faut, légère et pâteuse, gaie et indigeste.

Lousadzak, d’Hovhaness, est un tour de force pour le pianiste, qui assume durant sa presque totalité un tourbillon de doubles croches habillant les thèmes des cordes qui, du dépouillement de l’introduction, mènent à des clins d’oeil folkloriques revisités par la personnalité du compositeur. Cordes et piano y montrèrent une belle entente, la technique du pianiste y fut impressionnante. L’étude de Chopin offerte en rappel confirma les qualités du pianiste. Jouée en un tempo d’une rapidité défiant le bon sens, la partition mugit et ronfla nerveusement dans les graves, dégoulina dans les arpèges, prise de fureur. Un Chopin enragé rondement mené par un interprète extrême.

Ce concert hors normes sut tenir ses promesses d’inédit et de charme tout en légèreté. Les oeuvres, rarement jouées, séduisirent, servies par des interprètes que le risque n’effraie pas.


(1) Né en Turquie, Setrak étudie le piano à Paris avec Alfred Cortot et Marguerite Long. L’un des premiers, il joue Scriabine en France dans les années cinquante. Son enregistrement de l’intégrale de l’oeuvre pour piano de Bizet (Le Chant du monde) a reçu un " Diapason d’or ", tandis que son enregistrement des Pièces Lyriques de Grieg a reçu le " Choc du Monde de la Musique ". Le Chant du Monde et Solstice éditent l’importante discographie de ce pianiste.


Gaëlle Plasseraud

 

 

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