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Un public fidèle Paris Auditorium du Louvre 11/08/2007 - Ludwig van Beethoven : Variations sur «Bei Männern, welche Liebe fühlen» de «La Flûte enchantée», WoO 46
Nikolaï Miaskovski : Sonate pour violoncelle et piano n° 2, opus 81
Sulkhan Tsintsadze : Préludes (extraits)
Giorgi Kharadze (violoncelle), Varduhi Yeritsyan (piano)
Le public méridien de l’Auditorium du Louvre demeure d’une fidélité sans faille: non seulement les artistes des «Concerts du jeudi» sont généralement peu connus, car au seuil de leur carrière, mais un programme composé en grande partie de raretés n’entraîne pas ici la baisse de fréquentation que l’on est trop souvent amené à déplorer dans d’autres salles. Il est vrai que les spectateurs peuvent faire confiance aux choix de Monique Devaux et de son équipe, dont les nouveaux talents, saison après saison, suscitent rarement la déception.
Tel est à nouveau le cas de Giorgi Kharadze, vingt-trois ans, troisième prix au Concours Rostropovitch en 2005, et de Varduhi Yeritsyan, vingt-six ans, qui, respectivement nés en Géorgie et en Arménie, ont tous deux fait leurs classes – chez Roland Pidoux et Brigitte Engerer – au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.
Dès les Variations (1801) de Beethoven sur le duo Pamina/Papageno «Bei Männern, welche Liebe fühlen» extrait du premier acte de La Flûte enchantée de Mozart, le violoncelliste fait valoir une sonorité ronde et puissante, sans toutefois en abuser, conservant élégance et retenue, à l’unisson de sa partenaire. Quelques aigus un peu plus incertains n’empêchent pas son chant de se déployer avec souplesse et naturel.
On ne trouvera pas dans la Seconde sonate (1949) de Miaskovski, par ailleurs auteur d’un Concerto qui demeure au répertoire de bon nombre de violoncellistes, les audaces de certains de certains de ses treize quatuors ou de ses vingt-sept symphonies. Quelques mois après la reprise en main jdanovienne, il est cependant aisé de comprendre que la prudence ait été de mise: l’œuvre oscille donc entre la mélancolie de Tchaïkovski ou de Rachmaninov (Allegro moderato initial) et le lyrisme de Prokofiev (Andante cantabile), s’achevant sur un périlleux Allegro con spirito, un tantinet foklorisant mais toujours très chantant.
Quelques semaines après le Quatuor Arpeggione (voir ici), Giorgi Kharadze avait au moins deux raisons de mettre à l’honneur Sulkhan Tsintsadze (1925-1991): en effet, le compositeur était non seulement Géorgien comme lui, mais aussi violoncelliste de formation. Ses vingt-quatre Préludes (1980) sont d’ailleurs destinés à son instrument, le piano remplaçant pour l’occasion l’accompagnement orchestral de la version originale: neuf extraits permettent de découvrir de brèves pièces tour à tour mélodiques et ironiques, dans la veine des Préludes pour piano de Chostakovitch, parfois agrémentées d’une légère inflexion populaire.
Les deux musiciens concluent en donnant en bis une adaptation de Liebestreu (1853), l’un des tout premiers lieder de Brahms.
Simon Corley
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