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Fabuleux Gurre-Lieder Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
09/02/2007 - 4*, 6 et 12 (Amsterdam) septembre 2007
Arnold Schönberg : Gurre-Lieder
Stephen Gould (Waldemar), Anne Schwanewilms (Tove), Anna Larsson (Waldtaube), Gerd Grochowski (Bauer), Eberhard Francesco Lorenz (Klaus-Narr), Brigitte Fassbaender (Sprecher)
Orchestre Symphonique de la Monnaie, Chœurs de la Monnaie, Koor van de Nederlandse Opera, Winfried Maczewski (chef des chœurs), Mark Wigglesworth (direction)
Peter Missotten (scénographie), Kurt d’Haeseleer (vidéo)
Ces Gurre-Lieder (1901-1911) étaient impatiemment attendus et ils ont tenu leur promesse. On se doutait que Peter de Caluwe allait frapper un grand coup pour sa première production en tant que successeur de Bernard Foccroulle au poste de directeur de la Monnaie. Ce n’est rien de moins que cette vaste composition de Schönberg, rarement donnée, qui est à l’honneur. Une œuvre colossale, près de deux heures de musique, nécessitant des moyens gigantesques : orchestre énorme, occupant pratiquement l’entièreté de la scène de la Salle Henry Le Bœuf, chœurs mixtes, placés derrière les musiciens et sur les hauteurs, dans les fauteuils de loge, cinq solistes, tous loin d’être des petits formats vocaux, et un récitant ! Pour cet évènement, Peter de Caluwe confie la baguette à Mark Wigglesworth, le successeur, à compter de la saison 2008-2009, de l’actuel directeur musical, Kazushi Ono, et qui faisait à cette occasion ses débuts à la Monnaie.
Et quels débuts ! Sous sa direction attentive, sobre et efficace, l’Orchestre Symphonique de la Monnaie, chauffé à blanc, livre une prestation de toute beauté. Les pupitres sont remarquablement disciplinés, la sonorité, créatrice d’atmosphère, s’avère constamment somptueuse, les équilibres entre les musiciens, les chœurs et les solistes, si délicats à négocier, sont assurés, le soucis d’intelligibilité et de transparence, même dans les forte, est constant. On se laisse sans peine emporter par le flot de cette musique.
En invitant un plateau vocal aussi luxueux, la Monnaie met les petits plats dans les grands. Stephen Gould, beau heldentenor, chez lui dans le rôle de Waldemar, Anne Schwanewilms (Tove), mariant sensibilité et noblesse, Anna Larsson, remarquable dans le célèbre Lied der Waldtaube (transcrit plus tard par Schönberg pour petit orchestre), Gerd Grochowski, Bauer excellent, Eberhard Francesco Lorenz, mettant ce qu’il faut de comédie dans son incarnation de Klaus-Narr, ou encore Brigitte Fassbaender, tous s’impliquent, conscients que le succès d’un tel spectacle repose également sur leurs épaules. Quant aux Chœurs de la Monnaie, renforcés par le chœur du Nederlandse Opera, ils parachèvent brillamment la réussite de cette soirée.
Bien qu’il permette de baigner la scène dans une lumière adéquate, changeant au cours de la représentation (superbe lumière du jour irradiant la salle à la fin), le dispositif imaginé par le scénographe Peter Missotten et le vidéaste Kurt d’Haeseleer, Belges tous les deux, s’avère peut-être davantage esthétisant qu’éclairant (que signifie ces radiographies brandies à la fin de la première partie ?). On a déjà vu mille fois ces projections de vidéos ésotériques, l’originalité venant néanmoins cette fois-ci de ce que l’écran, ovale, est suspendu au-dessus de l’orchestre, et non placé en fond de scène. L’idée d’y projeter également les sous-titres en français et en néerlandais traduit le souci de la Monnaie de ne pas faire les choses à moitié (en témoignent, également, les décidément toujours aussi somptueux programmes de salle qu’il ne viendrait à l’idée d’aucun spectateur de jeter le lendemain).
Justice a donc été rendue à ces fabuleux Gurre-Lieder. Avec ce concert donné dans le cadre du KlaraFestival, la saison musicale bruxelloise démarre sur les chapeaux de roue.
Le site de la Monnaie
Le site de Mark Wigglesworth
Sébastien Foucart
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