About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La force des symboles

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
08/23/2007 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour hautbois, clarinette, basson, cor et orchestre, K. 297b
Arnold Schönberg : Variations pour orchestre, opus 31
Piotr Ilyich Tchaikovsky : Symphonie n°6 “Pathétique”, opus 74

West-Eastern Divan Orchestra, Daniel Barenboïm (direction)



Le West-Eastern Divan Orchestra est un beau symbole. Rassemblés par Daniel Barenboïm et l’intellectuel américano-palestinien Edward Saïd, décédé en 2003, ces jeunes musiciens Arabes et Israéliens, auxquels s’ajoutent quelques Andalous, font fi des sinistres clivages religieux et politiques qui ensanglantent depuis trop longtemps le Proche-Orient et nous donnent une leçon de tolérance, de respect et d’écoute mutuelle à l’occasion d’un workshop annuel (à Séville), suivi d’une tournée.


Pour la seconde année consécutive, l’orchestre ouvre la saison musicale du Bozar, dans un programme ambitieux et prouvant l’aisance des musiciens à s’investir autant dans le classicisme et le romantisme que dans la musique sérielle. Bien qu’il ne faille évidemment pas attendre d’une telle formation le résultat sonore ainsi que la précision des attaques et de la mise en place des Wiener ou des Berliner Philharmoniker, il faut admettre sa grande implication et son authentique enthousiasme, indéniables tout au long de cette soirée.


Œuvre manifestement fétiche du West-Eastern Divan Orchestra – elle fut jouée en 2005 lors du fameux concert à Ramallah immortalisé en DVD –, la Symphonie concertante pour hautbois, clarinette, basson et cor (1778) de Mozart révèle les qualités individuelles des quatre instrumentistes qui défendent chacun une partie ne cherchant jamais à supplanter l’autre (de nouveau un beau symbole). Ce quatuor se répond mutuellement avec finesse et épure les lignes mélodiques, tout en n’omettant pas ce qu’il y a de fraîcheur pastorale dans cette musique. Leur prestation s’inscrit dans une lecture sereine, éminemment recueillie dans l’Adagio, et dévoilant un orchestre ne volant jamais la vedette mais aux couleurs un rien ternes et manquant un peu de rebond.


Dans les spectaculaires Variations pour orchestre (1926-1928) de Schönberg, le West-Eastern Divan Orchestra satisfait aux exigences polyphoniques de cette écriture complexe, fondée sur le système dodécaphonique. Nonobstant les réserves techniques que l’on peut formuler, leur interprétation impressionne et convainc, en particulier dans les déchaînements de violence, et s’avère d’une lisibilité très satisfaisante.


En seconde partie, le West-Eastern Divan Orchestra souligne sans surligner le pathétisme de la Sixième Symphonie (1893) de Tchaïkovsky. Le climat est immédiatement installé dès les premières mesures de l’Adagio introductif, l’intensité y est, l’énergie ne fait pas défaut, les rythmes sont imprimés quand il le faut (pour preuve un Scherzo survolté, longuement applaudi, comme on pouvait s’y attendre…), autant de qualités qui compensent les décalages au sein de l’orchestre et la verdeur de certains instrumentistes. Inutile, sans doute, de préciser que l’Adagio lamentoso final a été joué avec le cœur et les tripes, mais cet émouvant moment créé par les musiciens a fort malheureusement été gâché par des applaudissements qui ont retenti alors que les dernières notes ne s’étaient pas encore estompées, offusquant non sans raisons le chef et une partie du public. Prévisible, la standing ovation fut longue et chaleureuse.


Le site de la Fondation Barenboïm-Saïd





Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com