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Correspondances et résonances

Paris
Musée d’Orsay
07/17/2007 -  
Gabriel Fauré : Cantique de Jean Racine, opus 11
Anton Bruckner : Locus iste – Christus factus est
Maurice Ravel : Trois chansons
Ralph Vaughan Williams : Magnificat
Francis Poulenc : Un soir de neige, FP 126
Ildebrando Pizzetti : Due Composizioni corali
Gustav Mahler : Ich bin der Welt abhanden gekommen (transcription Clytus Gottwald)
Benjamin Britten : Jubilate Deo en mi bémol

Christophe Manien (piano), Thomas Saulet (flûte)
Chœur de Radio France, Alfonso Caiani (direction)


Sous l’impulsion de Pierre Korzilius, la musique occupe une place de choix au Musée d’Orsay: outre la programmation présentée à l’auditorium durant toute la saison, d’autres espaces de l’ancienne gare de chemin de fer accueillent des événements de nature plus ponctuelle, comme encore tout récemment l’Orchestre national de France à l’occasion de la Fête de la musique. Dans le cadre de l’exposition «De Cézanne à Picasso, chefs-d’œuvre de la galerie Vollard» qui se tient jusqu’au 16 septembre, c’est le Chœur de Radio France qui se produisait, sous la direction d’Alfonso Caiani, dans un programme censé établir des liens avec les pièces collectionnées par l’audacieux galeriste.


En fait, davantage qu’à des correspondances avec la peinture, c’est à un intéressant panorama chronologique et géographique de la musique chorale depuis le milieu du XIXe siècle qu’un nombreux public – 1 500 entrées pour cette ouverture nocturne exceptionnelle, à comparer aux 3 200 recensées le 21 juin – a été convié: influence des maîtres anciens, que ce soit au XIXe – Cantique de Jean Racine (1865) de Fauré, motets Locus iste (1869) et Christus factus est (1884) de Bruckner – ou au XXe siècle – Deux compositions chorales (1961) de Pizzetti – mais aussi vivacité des traditions nationales – britannique, avec le Magnificat (1932) de Vaughan Williams, ou française, avec les Trois chansons (1915) de Ravel et Un soir de neige (1944) de Poulenc – et aspects plus contemporains du répertoire, au travers de la transcription par Clytus Gottwald de l’un des Rückert-Lieder (1901) de Mahler, Ich bin der Welt abhanden gekommen.


Debout ou assis par terre dans la nef, les spectateurs, qui ont bénéficié de deux demi-heures de musique séparées par une pause leur autorisant de déambuler dans les salles attenantes, ont visiblement été comblés, obtenant en bis la reprise du Jubilate Deo (1934) de Britten. Les choristes, quant à eux, étaient disposés sur des praticables installés au fond et en léger contrebas, derrière la haute composition de Carpeaux Les quatre parties du monde soutenant la sphère céleste: en petite formation ou au grand complet, accompagnés (piano, flûte et piano) ou a cappella, plusieurs configurations ont ainsi pu être expérimentées. Car la saison prochaine, non seulement le Chœur de Radio France fêtera ses soixante ans avec un nouveau directeur musical, Matthias Brauer, mais il reviendra au Musée d’Orsay le 12 février pour une soirée construite autour de l’exposition qui sera alors dédiée à Alexandre Charpentier (1856-1909): sculpteur et ébéniste dans la mouvance de l’Art nouveau, ami de Debussy, ce Charpentier, bien que n’ayant aucun rapport avec Marc-Antoine ou Gustave, s’est en effet beaucoup intéressé à la musique.


Cela étant, qui dit «nef», dit «cathédrale», et qui dit «cathédrale», dit «réverbération»: de fait, l’acoustique se révèle désastreuse pour la vivacité, la finesse et la transparence des Chansons de Ravel, pourtant restreintes à quinze chanteurs. Meilleure dans Bruckner ou Vaughan Williams, elle n’en a pas moins tendance à saturer lorsque le chœur se déploie à pleine voix. Curieusement, le piano conserve en revanche une certaine netteté. Mais il ne faut pas songer un seul instant à comprendre les paroles, de telle sorte que la notice très complète distribuée aux visiteurs, comprenant tous les textes chantés et, le cas échéant, leur traduction, se montre particulièrement précieuse.


Le moment n’en frappe pas moins par son caractère unique, presque irréel: ce n’est pas tous les jours qu’est ainsi donnée la possibilité de déambuler à pas feutrés parmi les œuvres exposées, entre Bourdelle et Rodin, entre Corot et Vuillard, au son de pages aussi essentielles que somptueuses de la littérature chorale. Et, au fil de «promenades» parmi ces «tableaux d’une exposition», apparaissent des effets sonores imprévus, certains emplacements offrant de façon totalement inattendue une acoustique plus satisfaisante.


Le site du Chœur de Radio France



Simon Corley

 

 

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