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La revanche des femmes

London
Covent Garden
06/11/2007 -  et les 13, 15, 17, 20, 23*, 26, 30 juin, 4 et 8 juillet 2007

Wolfgang Amadeus Mozart: Don Giovanni


Erwin Schrott (Don Giovanni), Reinhard Hagen*/ Robert Lloyd (Commendatore), Marina Poplavskaya/Anna Netrebko* (Donna Anna), Michael Schade/Robert Murray* (Don Ottavio), Ana Maria Martinez (Donna Elvira), Kyle Ketelsen (Leporello), Matthew Rose (Masetto), Sarah Fox (Zerlina)


Chœur du Royal Opera House (préparation: Renato Balsadonna), Orchestre du Royal Opera House, Ivor Bolton*/David Syrus (direction musicale). Mise en scène: Francesca Zambello, reprise par Duncan Macfarland, décors: Maria Björnson, lumières: Paul Pyant, chorégraphie: Stephen Mear, reprise par Duncan Macfarland


Le Don Giovanni monté par Francesca Zambello à Covent Garden en 2002 est d’abord un régal pour les yeux, avec ses décors aux couleurs vives, ses costumes somptueux et ses effets pyrotechniques impressionnants dans la scène de la descente aux enfers. Mais la metteur en scène ne se contente pas de belles images, elle a aussi des choses fort intéressantes à dire. Ainsi, les femmes ne sont pas considérées ici comme des victimes du séducteur, puisqu’elles revendiquent clairement leur désir physique pour lui et assument leurs actes. Donna Anna n’est pas dépeinte, comme souvent, en psycho(f)rigide, mais se donne lascivement au dissolu au lever de rideau et, à la fin de l’opéra, lorsqu’elle laisse entendre à Don Ottavio qu’il devra patienter encore une année avant de l’épouser, on comprend bien vite que ce n’est pas uniquement pour faire le deuil de son père. Donna Elvira n’est pas non plus l’hystérique de service, mais une femme prête à tout pour une étreinte passionnée. Et Zerlina tombera elle aussi très vite dans les filets de Don Giovanni, même si elle sera la première à se rendre compte qu’elle est acculée dans une voie sans issue. Car le héros semble faire peu de cas des émois qu’il suscite auprès de la gent féminine, préoccupé qu’il est par ses seuls élans narcissiques. Et ce carrousel des désirs n’est pas le moins du monde bridé par les nombreux symboles religieux présents sur le plateau, madone géante, cierges et crucifix.


On l’aura compris, ce spectacle dégage une forte tension érotique, due sans doute à la présence dans le rôle-titre d’Erwin Schrott, véritable bête de scène, Don Giovanni viril aux pectoraux saillants. Mais le chanteur uruguayen a aussi le rôle dans la gorge, avec une belle voix de velours et une émission stylée. Le Leporello de Kyle Ketelsen est son double à tous les points de vue, avec une touche d’humour en plus. Chez les dames, Anna Netrebko ne fait pas mentir sa réputation en campant une Anna vulnérable et glamour à la fois, avec une voix ample et un timbre corsé. L’Elvira d’Ana Maria Martinez séduit quant à elle par la clarté de son émission et l’aisance dans les vocalises. On décernera aussi une mention spéciale à la Zerlina mutine de Sarah Fox. Si le reste de la distribution n’atteint pas le même niveau, il faut néanmoins souligner l’engagement scénique de tous les solistes, pour la plupart de jeunes chanteurs très à l’aise dans leurs mouvements, ce qui rend l’ensemble du spectacle particulièrement vivant. La seule déception – toute relative – vient de la fosse, où Ivor Bolton, s’il tient fermement les rênes de la soirée, ne parvient pas à insuffler chez les instrumentistes la même fougue et la même dynamique que l’on retrouve sur la scène, en raison peut-être de tempi souvent lents.




Claudio Poloni

 

 

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