Back
Les deux font la paire Geneva Grand Théâtre 05/22/2007 - et les 24*, 26, 28, 30 mai et 1er juin 2007
Gaetano Donizetti: Don Pasquale
Simone Alaimo (Don Pasquale), Marzio Giossi (Docteur Malatesta), Norman Shankle (Ernesto), Patrizia Ciofi (Norina)
Chœur du Grand Théâtre de Genève (direction: Ching-Lien Wu), Orchestre de la Suisse romande, Evelino Pidò (direction musicale). Mise en scène: Daniel Slater, décors et costumes: Francis O'Connor, lumières: Bruno Poet
Quand deux chanteurs de la trempe de Patrizia Ciofi et Simone Alaimo se retrouvent sur un plateau, la rencontre ne peut provoquer que des étincelles, voire, selon les cas, une gifle d’anthologie! Et c’est exactement ce qui se produit sur la scène du Grand Théâtre de Genève, à l’occasion d’une nouvelle production de Don Pasquale, où ce duo de choc porte littéralement la représentation. Chez Patrizia Ciofi, on admire l’agilité et la souplesse de la voix ainsi que l’aisance dans les vocalises, même si la soprano italienne a besoin de quelque temps pour «se chauffer». Après avoir ébloui les scènes lyriques du monde entier avec sa Lucia, elle prouve désormais qu’elle a suffisamment d’abattage pour se lancer dans des rôles comiques. Simone Alaimo ne lui cède en rien, avec son chant raffiné, tout en nuances, et une diction remarquable. Ce tandem hors pair est fort bien secondé par Marzio Giossi, un docteur Malatesta plein de verve, alors que l’Ernesto de Norman Shankle est en retrait, mais il faut savoir gré au ténor américain de remplacer au pied levé un collègue souffrant. S’il n’évite pas quelques lourdeurs dans l’ouverture, le chef Evelino Pidò prouve par la suite qu’il est bien un des grands spécialistes de ce répertoire.
Les décors imaginés par Francis O’Connor sont un régal pour les yeux et le spectacle conçu par Daniel Slater est certes plaisant, mais il reste malheureusement superficiel, comme si le metteur en scène s’était limité à n’esquisser que des intentions. L’action est transposée dans les années 20. Le premier acte se déroule dans l’agitation d’un Café des artistes où Norina, en peintre en quête d’émancipation, fait son apparition pinceaux et chevalet à la main. La deuxième partie se déroule dans l’appartement de Don Pasquale, dont la transformation en demeure branchée, tapissée de toiles modernes, déclenche les applaudissements du public. Le va-et-vient incessant du personnel de maison fait aussi son petit effet.
La représentation du 30 mai sera diffusée en léger différé par la télévision (TSR 2 et Arte) et par la radio (RSR-Epace 2 et France Musique). Si on ne peut bien évidemment que se réjouir de cette initiative - d’autant que la dernière captation TV du Grand Théâtre remonte à la magnifique production de Tristan und Isolde signée Olivier Py - on s’étonnera, en revanche, du choix du spectacle. Car malgré ses deux interprètes principaux, ce Don Pasquale ne restera pas dans les annales. Pourquoi alors n’avoir pas plutôt opté pour les superbes Maîtres Chanteurs d’avant Noël, la bouleversante Lady MacBeth de cet hiver ou encore la récente Ariadne sublimée par la présence de Nina Stemme?
Claudio Poloni
|