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L’expérience Kovacevich

Paris
Théâtre du Châtelet
05/21/2007 -  et 12 (Toulouse), 14 (Saint-Etienne) mai 2007
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 30, opus 109, 31, opus 110 et 32, opus 111

Stephen Kovacevich (piano)


Un air de déjà vu, ou plutôt, de déjà entendu? Stephen Kovacevich dans les trois dernières Sonates (1820-1822) de Beethoven, c’est assurément un incontournable du disque – le pianiste américain a récemment mené à bien sa deuxième intégrale – et un classique du concert, y compris à Piano ****, puisque c’est ce même programme qu’il avait donné à Gaveau en mars 2004 (voir ici). Même s’ils en sont des interprètes d’exception, cette manière dont certains artistes se cantonnent ainsi à un répertoire restreint à quelques immenses chefs-d’œuvre a de quoi irriter. Est-ce pour cela que le Théâtre du Châtelet était scandaleusement vide ou bien, Arcadi Volodos apparaissant au même moment à l’affiche du Théâtre des Champs-Elysées, faut-il se résigner à ce que la capitale ne puisse «absorber» deux importants récitals un lundi soir?


En tout cas, à trois ans de distance, l’expérience mérite sans la moindre hésitation d’être renouvelée, tant Kovacevich investit de façon personnelle et risquée, mais sans le moindre caractère anecdotique, la structure atypique de ces trois dernière sonates. Les premiers mouvements deviennent ici de libres fantaisies, jusqu’à une précipitation haletante que les doigts peinent parfois à suivre (Trentième). Mais c’est un mélange unique de rigueur et de démesure, déclenchant de formidables orages, qui s’impose ensuite dans les intermèdes rapides (Prestissimo de la Trentième, Allegro molto de la Trente et unième).


La vision de Kovacevich culmine dans les immenses mouvements conclusifs, qu’il s’agisse de la montée vers la lumière de la Trente et unième (récitatifs d’une belle simplicité, sans surcharge expressive, progression irrésistible des deux fugues) ou des variations de la Trentième et de la Trente-deuxième, depuis le dépouillement initial du thème jusqu’à son saisissant retour, comme si, entre-temps, les variations successives s’étaient déroulées tel un rêve de plus en plus profond. Mais quel rêve! Il suffit de se souvenir par exemple, dans la quatrième variation de la dernière sonate, de ces sonorités inouïes, depuis des graves presque imperceptibles jusqu’aux aigus les plus cristallins, puis de cette miraculeuse et immatérielle égalité des trilles.


En bis, Kovacevich offre la Cinquième des six Bagatelles de l’opus 126 (1824): choix identique à celui de 2004, même s’il avait alors estimé, non sans raisons, qu’aucun bis ne pouvait dignement suivre de tels instants et avait donc interprété cette même Bagatelle en début de seconde partie, avant l’ultime sonate.



Simon Corley

 

 

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