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Carnet d’adresses

Paris
Salle Pleyel
05/12/2007 -  
Maurice Ravel : Ma Mère l’oye (*) – Trois poèmes de Stéphane Mallarmé – Chansons madécasses – Introduction et Allegro

Sandrine Piau (soprano), Elsa Maurus (mezzo), Magali Mosnier, Anaïs Benoît (flûte), Pascal Moraguès, François Lemoine (clarinette), Marie-Pierre Langlamet (harpe), Michel Dalberto, Frank Braley (*) (piano), Quatuor Capuçon: Renaud Capuçon, Aki Saulière (violon), Béatrice Muthelet (alto), Gautier Capuçon (violoncelle)


Un week-end consacré à l’intégrale de la musique de chambre de Ravel par les frères Capuçon et leurs amis? Une bonne idée, indéniablement, mais fallait-il l’étaler sur trois concerts? Car même en étendant cette «intégrale» une œuvre pour piano à quatre mains et à deux cycles de mélodies, le troisième programme, interrompu nonobstant par un entracte, aura paru bien court (moins d’une heure de musique). Cela étant, le carnet d’adresses de Renaud et Gautier Capuçon, à respectivement vingt-neuf et vingt-six ans, valait à lui seul le déplacement, puisqu’ils avaient réuni pour cette ultime soirée, autour du quatuor qu’ils forment avec Aki Saulière et Béatrice Muthelet, la fine fleur des artistes français, chanteuses (Sandrine Piau et Elsa Maurus), pianistes (Michel Dalberto et Frank Braley) ou solistes issus des meilleurs formations – Philharmonie de Berlin (Marie-Pierre Langlamet), Philharmonique de Radio France (Magali Mosnier) et Orchestre de Paris (Pascal Moraguès, Anaïs Benoît).


Guest star de luxe (Dalberto) et complice déjà ancien des Capuçon (Braley) s’associent d’abord pour Ma Mère l’oye (1910): comme paradoxalement contraints par la facilité technique des deux premières pièces, les pianistes se libèrent en revanche avec le brio et les couleurs orchestrales de Laideronnette, impératrice des pagodes, enchaînant sur des Entretiens de la Belle et de la Bête narratifs et passionnés, avant de conclure par un Jardin féerique sans emphase ni affectation.


La préciosité des rares Poèmes de Stéphane Mallarmé (1913) trouve ensuite en Sandrine Piau, d’une exquise minutie, une interprète idéale, même s’il n’est pas certain que les spectateurs les plus éloignés aient pu en goûter pleinement la subtilité. Cela étant, ces trois miniatures sont-elles faites pour une salle de près de 2 000 places?


Déjà données par Susan Graham (voir ici) puis par Stéphanie d’Oustrac (voir ici) en mars dernier, les Chansons madécasses (1926) bénéficient actuellement d’une faveur inhabituelle. La révolution musicale des Trois poèmes de Mallarmé se fait ici plus politique – un manifeste anticolonial. Et c’est donc fort opportunément que ces mélodies trouvent en Elsa Maurus une parfaite antithèse de Sandrine Piau: robe marron contre blanc nuptial, engagement contre distance, puissance contre finesse, tension, voire fragilité et imperfections, contre souveraine aisance, les imprécations de Aoua! n’en résonnent que de manière plus saisissante.


En conclusion, le diptyque Introduction et Allegro pour harpe (1905) offre un moment de pur plaisir instrumental: rien de surprenant vu la qualité du plateau réuni pour l’occasion, et l’on ne saurait se plaindre de ce que le dessert soit sucré, d’autant que les musiciens y mettent le supplément de poésie requis.



Simon Corley

 

 

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