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Jeune espoir masculin

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
04/29/2007 -  
Arnold Schönberg : A survivor from Warsaw, opus 46
Luigi Dallapiccola : Variazioni per orchestra
Igor Stravinsky : Concerto pour piano et instruments à vent
Antonín Dvorák : Symphonie n°6, opus 60, B. 112

Alexander Toradze (piano), Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (chef de chœur & narrateur), Orchestre Symphonique de la Monnaie, Jakub Hrusa (direction musicale)


En moins de dix minutes, parvenir à concilier qualité de l’inspiration, complexité de l’écriture et impact dramatique est le propre des génies de l’histoire de la musique. Commandé par la fondation Koussevitzky, A survivor from Warsaw (1947), mélodrame pour récitant, chœur d’hommes et orchestre d’Arnold Schönberg, tient cette gageure. Décrivant les journées d’horreur vécues dans le ghetto de Varsovie, fondée sur une série de douze sons, cette œuvre violente, et d’une tension croissante, bénéficie en la personne de Piers Maxim, également chef des chœurs de la Monnaie, d’un récitant à la diction impeccable et à la narration impressionnante de vérité dramatique. L’entrée fracassante du chœur, chantant le Shema Yisroel, frappe tout particulièrement et l’orchestre, dirigé avec une autorité naturelle par Jakub Hrusa, né en 1981, achève de faire de cette interprétation émouvante une réussite.


Dans les Variazioni per orchestra (1953-1954) de Luigi Dallapiccola, l’Orchestre Symphonique de la Monnaie démontre une fois de plus son aptitude à faire sien une grande diversité de styles et d’époques musicaux. On se demande pourquoi ce compositeur italien, un des grands noms de la musique dodécaphonique, n’est pas davantage joué au concert tant la qualité et le charme de sa musique sont indéniables. Le chef tchèque montre son habilité, et aussi son affinité, avec la musique contemporaine (il rédige actuellement une thèse sur les compositeurs tchèques d’aujourd’hui). A l’aise dans les difficultés techniques et la mise en place exigeante de cette œuvre construite, elle aussi, à partir d’une série dodécaphonique, il valorise la beauté des timbres sans, et c’est sans doute le plus important, négliger la teneur expressive de cet enchaînement de onze pièces originellement écrites pour le piano.


Le pianiste géorgien Alexander Toradze prend à bras le corps le Concerto pour piano et instruments à vent (1923-1924) d’Igor Stravinsky, partition d’inspiration néo-classique. Si son jeu est assurément dense, musclé mais aussi, par moments, trop appuyé, il parvient néanmoins à révéler les nuances et à habiter chaque note dans les passages où le piano est davantage à découvert (deuxième mouvement), et ce grâce à une grande concentration et à une implication telle qu’il frappe bruyamment du pied. Dans un premier mouvement et un final bénéficiant d’une interprétation électrisante, d’une grande alacrité rythmique et nerveuse (mais l’œuvre ne l’exige-t-elle pas ?), les vents, accompagnés, fidélité à la nomenclature, de trois contrebasses, assurent une certaine compacité à l’ensemble, ce qui n’est pas une option indéfendable, loin de là. Après avoir rendu hommage, avec émotion, à Mstislav Rostropovitch, dont les funérailles eurent lieu le jour même, Alexander Toradze donne, à sa mémoire, une Sonate de Scarlatti et une pièce de Giya Kancheli, présent dans la salle.

Chef de la Philharmonie de chambre de Prague et chef associé de l’Orchestre Philharmonique de Radio France depuis la saison 2005/2006 (voir ici et ici), Jakub Hrusa a signé un contrat d’exclusivité avec Supraphon dans lequel est prévue une intégrale de Dvorák. Il était, dès lors, intéressant de l’entendre dans la Sixième Symphonie (1880). Sa lecture ne manque pas d’énergie, de caractère et de vitalité mais on regrette une mise en place trop souvent incertaine et un déficit de beauté plastique dans les interventions des solistes. Mais en y réussissant l’essentiel, Jakub Hrusa prouve qu’il faudra compter sur lui car l’expérience lui permettra, certainement, de rendre à la fois naturel et évident tout ce qu’il dirigera.


Dès qu’apparaissent sur une affiche le nom d’Arnold Schönberg et d’un inconnu du grand public (Le Prisonnier de Dallapiccola mérite, incontestablement, d’être à l’affiche des maisons d’opéra, ce qui fut toutefois le cas à la Monnaie, en 2000, mais dans une version de concert), le succès public n’est pas assuré, surtout quand un temps particulièrement estival n’incite pas, il est vrai, à s’enfermer dans une salle. Mais tout organisateur de concert courageux, audacieux et aimant réellement la musique n’hésitera jamais à proposer des soirées comportant des œuvres plus exigeantes. En somme, préférer offrir ce que le public pourrait apprécier plutôt que ce qu’on sait qu’il aime…




Sébastien Foucart

 

 

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