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Petite annonce Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/14/2007 - et 15 avril 2007
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour clarinette, K. 622
Hector Berlioz : Messe solennelle, H. 20A
Patrick Messina (clarinette), Genia Kühmeier (soprano), Pavol Breslik (ténor), Ildar Abradzakov (basse)
Chœur de Radio France, Bruno Casoni (chef de chœur invité), Orchestre national de France, Riccardo Muti (direction)
Orchestre parisien, soixante-treize ans, excellentes références, disponible rentrée 2008, recherche chef (italien), âge indifférent: pas la peine d’aller plus loin, Riccardo Muti fait parfaitement l’affaire, d’autant qu’il a pris de longue date l’habitude, chaque saison, de venir diriger à deux reprises l’Orchestre national de France dans des programmes qui traduisent un rare souci d’originalité, tant les personnalités de son envergure paraissent généralement peu soucieuses de renouveler le répertoire: œuvres négligées (Sept dernières paroles de Haydn, Première sérénade de Brahms, Première symphonie de Tchaïkovski, Deuxième symphonie de Honegger), postromantisme (Scriabine, Busoni, Martucci), grandes fresques chorales (Cherubini, Prokofiev, Orff), année après année, l’ancien patron de Philadelphie et de la Scala étonne et, surtout, convainc.
Il le fait à nouveau pour l’occasion, même en revenant à Mozart et Berlioz – dont il a déjà donné avec le National des partitions relativement peu fréquentées (Vêpres solennelles, La Mort de Cléopâtre, Symphonie funèbre et triomphale) – tout en sachant également se faire plaisir, en même temps qu’au public et à l’orchestre, offrant ainsi à son premier pupitre la possibilité de se produire en soliste du Concerto pour clarinette (1791). Dans une confrérie parisienne riche en clarinettes solos de grande qualité (Philippe Berrod, Philippe Cuper, Francis Gauthier, Pascal Moraguès, Jérôme Voisin, …), Patrick Messina n’a pas tardé, depuis son intégration au National en 2003, à faire valoir une finesse exceptionnelle, qui se coule ici à merveille dans la direction de Muti, toute en fondus enchaînés, et à un orchestre à effectif réduit (trente et une cordes) que l’on ne pensait plus capable d’un tel soyeux. Nul contresens dans cette interprétation qui privilégie la sérénité et les belles couleurs instrumentales, la préférence pour des visions moins lisses, pas nécessairement plus dramatiques mais laissant davantage la place aux clairs-obscurs, demeurant avant tout affaire de goût.
Après ces mots (presque) ultimes de Mozart venaient les premières pages marquantes de Berlioz: l’année dernière à Saint-Denis, Muti avait choisi la Messe de Chimay de Cherubini – au demeurant célèbre pour ses démêlés avec le jeune et fougueux compositeur –mais c’est ici en quelque sorte d’une «messe d’Anvers» qu’il s’agit, puisque c’est là-bas que le manuscrit intégral de sa Messe solennelle (1824) fut redécouvert en 1991. Pas si aventureuse ni démesurée que cela, du moins selon les standards berlioziens – tant par son langage, par sa durée, inférieure à celle de la Missa solemnis de Beethoven, que par son instrumentarium, assez voisin, aux quatre (!) harpes près, de celui de la Neuvième symphonie – cette Messe solennelle ne s’en montre pas moins toujours aussi captivante par ses fulgurances et ses maladresses, mais aussi par sa fonction de réservoir dans lequel Berlioz a ensuite copieusement pillé, tant dans le domaine sacré que profane. Elle trouve en Muti un intercesseur idéal, qui, aux confins du religieux et du lyrique, brassant sans peine les grandes masses vocales – le Chœur de Radio France, préparé par son ancien complice de la Scala, Bruno Casoni, pour affronter tant bien que mal une écriture pour le moins périlleuse – tire tout le parti d’un luxueux trio soliste et d’un orchestre qu’il sait tour à tour tenir, galvaniser et faire sonner comme personne.
Le site de Genia Kühmeier
Simon Corley
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