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Les Noces du désir et de l’illusion

Zurich
Opernhaus
03/11/2007 -  et 13, 15 mars, 1er*, 3, 7 avril, 22 juin 2007
Wolfgang Amadeus Mozart: Le nozze di Figaro

Malin Hartelius (La Contessa), Martina Janková (Susanna), Judith Schmid (Cherubino), Irène Friedli (Marcellina), Eva Liebau (Barbarina), Michael Volle (Conte di Almaviva), Erwin Schrott (Figaro), Martin Zysset (Basilio), Carlos Chausson (Bartolo), Andreas Winkler (Don Curzio), Giuseppe Scorsin (Antonio)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jochen Rieder (préparation), Orchestre de l’Opernhaus, Franz Welser-Möst (direction musicale)
Sven-Eric Bechtolf (mise en scène), Rolf Glittenberg (décors), Marianne Glittenberg (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières)

D’une certaine façon, cette nouvelle production zurichoise des Noces de Figaro est l’exact opposé du spectacle qu’avaient présenté Nikolaus Harnoncourt et Claus Guth l’été dernier à Salzbourg. Ici, la comédie a repris ses droits, et la journée imaginée par Beaumarchais retrouve son qualificatif de folle, tant elle se déploie à un rythme soutenu et tant il se passe de choses sur le plateau. Pour le metteur en scène Sven-Eric Bechtolf, le contexte historique – l’abolition des classes de la société à l’aube de la Révolution française – n’a qu’une importance mineure, le moteur de l’action étant le désir sexuel. Tous les personnages sont portés sur la bagatelle, les femmes aussi bien que les hommes. Le ton est donné d’emblée, puisque dès la première scène, Susanne n’hésite pas à utiliser un pied en bois de son futur lit pour expliquer très explicitement à Figaro ce que recherche le comte. Concurrents dans le cœur de ces dames, le maître et le valet se livrent une joute disputée pour gagner leurs faveurs. Le comte est vu comme un magicien s’employant à épater ses conquêtes par mille et un tours. Et d’ailleurs, une scène surélevée installée au fond du plateau, de laquelle entrent et sortent les personnages, suggère que tout n’est finalement qu’illusion et jeu. Une impression renforcée par le dernier acte, où les protagonistes se retrouvent sur des chevaux de bois, figurant un manège sur lequel le temps n’aurait aucune prise.


La distribution réunie à Zurich est de haute tenue et d’une homogénéité remarquable. Elle est un véritable plaidoyer pour le travail et l’esprit de troupe, puisqu’à part l’interprète du rôle-titre, tous les chanteurs font partie de l’ensemble de l’Opernhaus. Annoncé souffrant, Erwin Schrott séduit néanmoins par son timbre sombre et sonore, sans parler du magnétisme qu’il dégage sur scène, lui faisant camper un Figaro latin lover. A l’inverse, le comte de Michael Volle est lui tout en sobriété et en élégance, aussi bien musicalement que scéniquement. Malin Hartelius délivre de superbes pianissimi dans les deux airs de la comtesse, alors que Martina Jankova révèle des talents certains de comédienne en Susanne, en plus d’une voix souple et d’un timbre envoûtant. Même les plus petits rôles sont parfaitement tenus. Dans la fosse, Franz Welser-Möst est un accompagnateur attentif des solistes; malgré quelques décalages, il propose une lecture de la partition de Mozart finement ciselée, d’une légèreté et d’une fraîcheur en totale harmonie avec la mise en scène. Au rideau final, le public, qui a visiblement apprécié le parti pris de la production, a accueilli tous les artisans du spectacle par des applaudissements enthousiastes.



Claudio Poloni

 

 

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