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De Venise à Padoue…

Tourcoing
Auditorium du conservatoire
03/17/2007 -  
Adriano Banchieri: Barca di Venezia per Padova
Claudio Monteverdi : Extraits des livres six, sept, huit de madrigaux

Dominique Visse, Philippe Barth (haute-contre), François-Nicolas Geslot (ténor), Vincent Bouchot (baryton), François Fauché, Renaud Delaigue (basses)
Eric Bellocq (luth), Elisabeth Geiger (orgue), Malcolm Bothwell (viole)
Ensemble Clément Janequin, Dominique Visse (direction)

L’Ensemble Clément Janequin revient à Tourcoing pour un programme entièrement italien. Comme le souligne, non sans humour, Dominique Visse en introduction, il s’agit d’un voyage qui mènera le public de Venezia à Padova pour revenir ensuite dans le cité des Doges : le bateau part avec Adriano Banchieri, fait escale à Padova puis repart avec Claudio Monteverdi dans ses bagages.



La Barca di Venezia per Padova de Banchieri (1568-1634) est un petit bijou de madrigaux « amusants » à cinq voix. Un groupe engage les passagers à chanter, à s’amuser pendant le trajet et Banchieri compose une plaisanterie musicale avant la lettre. Et qui, à part les membres de l’Ensemble Clément Janequin, pouvait défendre au mieux cette partition ? Ils donnent vie à cette petite œuvre avec un enthousiasme qui ne se dément pas de tout le concert. Ainsi ils n’hésitent pas à changer leur voix, voire à l’enlaidir, pour la rendre plus conforme au texte et aux intentions du compositeur : ils sont toujours prêts à faire des onomatopées, des bruits sur des « la, la », « zon, zon », à imiter les gondoliers qui crient des “oe” ou bien les poissonnières sur les mots “pescatores”.


Adriano Banchieri débarque, Claudio Monteverdi embarque pour un trajet beaucoup plus sérieux. L’ensemble interprète quelques madrigaux des sixième, septième et huitième livres. Ces partitions vont comme un gant aux chanteurs de l’ensemble et elles leur permettent de mettre davantage leurs voix en relief : ils jouent davantage sur les différentes couleurs vocales. Ainsi les premières mesures de la quatrième partie « Ma te raccoglie » de Lagrime d’Amante al Sepolcro dell’Amata sont magnifiques : les voix s’imbriquent les unes dans les autres sur un crescendo qui explose en fortissimo sur « fium il pianto ». Ce madrigal laisse entendre le timbre somptueux de François Fauché, dont la voix s’est considérablement affermie et veloutée : il débute le morceau avec un « Incenerite » émouvant et solennel. La basse Renaud Delaigue apporte un soutien évident telle une basse instrumentale : son souffle semble inépuisable et surtout bien contrôlé. Les voix plus aiguës ne sont pas en reste car on relèvera les « ohimè » déchirants dans la cinquième partie de Philippe Barth et de Dominique Visse. Le Lamento de la Ninfa est interprété par le haute-contre Philippe Barth avec, il faut le reconnaître, une certaine émotion. Certes la voix est encore un peu verte et manque d’homogénéité, le timbre est un peu précieux, mais le chanteur fait preuve d’une musicalité évidente : ses « amor » sont bien rendus et il souligne toute la douleur du personnage dans les « taci ». Les autres chanteurs sont tout aussi expressifs, notamment sur le côté doux des « sospir ». L’ensemble chante également « Perché ten fuggi » qui met bien en valeur les voix de Dominique Visse, François-Nicolas Geslot et de François Fauché. Ils donnent également « Gira il nemico » tiré du livre huit qui est un madrigal sur l’amour mais avec une approche plus comique que rendent parfaitement les trois chanteurs. Le ténor François-Nicolas Geslot fait évoluer le madrigal avec des reprises de « su presto » à chaque fois différentes sur le plan de l’intensité et du tempo. Les deux autres chanteurs, Vincent Bouchot et Renaud Delaigue, soutiennent fermement l’ensemble. Dominique Visse et Vincent Bouchot concluent le concert en chantant  Tirsi e Clori, rejoints ensuite par les autres membres de l’ensemble pour un chœur final. Ce final est une joute amoureuse et les deux chanteurs prennent un malin plaisir à jouer discrètement les personnages avec des œillades, des sourires. Tirsi est campé par un Vincent Bouchot plein d’assurance, les notes s’enchaînant les unes aux autres, tandis que Dominique Visse, telle Clori, est plutôt dans la minauderie toute féminine avec des notes tenues sur lesquelles vient se greffer un vibrato en fin de phrase. Les deux chanteurs usent et abusent de notes langoureuses, amoureuses, etc…


L’Ensemble Clément Janequin, même s’il compte cinq membres fidèles et réguliers, est à géométrie variable et accueille pour ce concert le ténor François-Nicolas Geslot et le haute-contre Philippe Barth. Ce dernier a une voix assez étrange, qui n’est pas sans faire penser à celle de Gérard Lesne. Mais on sent ces deux chanteurs un peu moins à l’aise que les quatre autres, qui ont tant l’habitude de chanter ensemble. L’ensemble est rejoint, pour cette fois, par Elisabeth Geiger à l’orgue et par Malcolm Bothwell à la viole. Tous deux apportent une profondeur, un arrière-plan à l’ensemble. Et on ne saurait oublier le toujours excellent Eric Bellocq qui reste assez discret sauf quand il s’agit de rythmer la musique. Quelques échappées soulignent sa présence d’une rare élégance comme dans la troisième partie de Lagrime d’Amante al Sepolcro dell’Amata, où il joue des notes d’une pureté et d’une beauté remarquables.



L’Ensemble Clément Janequin a peu chanté, pour le moment, de musique italienne et il est à souhaiter qu’il mette très souvent cette musique à son répertoire.





A noter:
- L’Ensemble Clément Janequin s’installe au Phénix de Valenciennes le temps d’un week-end les 12 et 13 mai 2007 pour deux concerts: le premier sera consacré à Claude Lejeune et le second aux Cris de Valenciennes de la Renaissance à nos jours.


Manon Ardouin

 

 

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