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L'esprit de Mahler Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 03/29/2007 - 30 mars 2007 (Anvers) Gustav Mahler: Symphonie n°6 deFilharmonie, Pinchas Steinberg (direction)
En consacrant ce concert bruxellois à ce monument qu’est la Sixième Symphonie (1903-1906) de Mahler, l’orchestre deFilharmonie témoigne non seulement de son ambition - cette œuvre reste et restera un phénoménal cheval de bataille pour toute formation symphonique -, mais aussi de son ouverture d’esprit et de la polyvalence de son répertoire. Le public du Bozar aura pu l’applaudir, cette saison, dans la Cinquième Symphonie de Ralph Vaughan Williams (un des compositeurs les plus scandaleusement "oubliés" dans nos contrées), associé, lors de la même soirée, à Maurice Ravel et Wilfried Westerlinck (voir ici), mais également dans le répertoire romantique allemand sous la direction de son actuel directeur musical (ici). Avant de retrouver Philippe Herreweghe à sa tête dans la Dante Symphonie de Liszt en avril prochain, l’orchestre deFilharmonie aura démontré, sous la direction de Pinchas Steinberg, son sens de l’architecture et de la narration des grandes fresques symphoniques.
Dans cette presque heure et demi de musique, on ne perd en effet pas une miette de son discours. Réfléchie, mais sans doute un rien démonstrative, l’interprétation est sans concession et souligne, sans excès, toute la tension, l’énergie, la profondeur de pensée et, surtout, la violence organique de cette symphonie. Toutefois, si l’esprit du compositeur est incontestablement présent, et son génie défendu comme il se doit, l’orchestre aura sans doute frustré les amoureux des prestations instrumentales superlatives, tant cette Sixième s’avère, en définitive, moins convaincante techniquement que du point de vue de la justesse de l’expression. Certes, n’est pas les Wiener Philharmoniker ou le Concertgebouw d’Amsterdam qui veut (quoique des phalanges moins prestigieuses peuvent faire des merveilles), mais la finition instrumentale et la mise en place accusent quelques imperfections et les musiciens, quelques signes de fatigue sur la fin. Néanmoins, le jeu collectif volontaire, plein d’enthousiasme, et ne craignant pas de prendre des risques, compense ces réserves.
Sébastien Foucart
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