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Le Festival «Aspects des musiques d’aujourd’hui» (3)

Normandie
Caen
03/18/2007 -  
Grand Auditorium
Eric Tanguy : Cinq Préludes – Quattro Intermezzi
Alban Berg : Sonate, opus 1
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales
Jean-Sébastien Bach : Suite anglaise n° 2, BWV 807

Nicolas Angelich (piano)


Petit Auditorium
Kenneth Hesketh : Cautionary Tales pour clarinette, violon et piano
Julian Anderson : The Colour of Pomegranates pour flûte et piano
Eric Tanguy : Musique pour Ming pour flûte et violoncelle – Sonate pour violon et violoncelle
Magnus Lindberg : Steamboat Bill Junior pour clarinette et violoncelle
James McMillan : Kiss on the Wood pour violon et piano
Richard Causton : Phoenix pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano
Membres du London Sinfonietta : Sebastian Bell (flûte), Duncan Prescott (clarinette), Clio Gould (violon), Tim Gill (violoncelle), Clive Williamson (piano)


Grand Auditorium
Eric Tanguy : Faustine et les Ogres, conte musical
Smaïn (récitant), Marie-Pascale Talbot (piano et célesta), Yvon Robillard (vibraphone et glockenspiel), Bibiane Lapointe (clavecin), Thierry Maeder (orgue)


C’est le pianiste franco-américain Nicolas Angelich qui ouvrait cette dernière journée de festival, avec un programme varié, couvrant trois siècles de littérature pianistique de Bach à Eric Tanguy. Le pianiste entre en scène avec une démarche grave, mais révèle son aisance pianistique dès les premières notes. Son jeu est personnel, son toucher incroyablement subtil. Il donne une variété de couleurs infinie aux Cinq Préludes de Tanguy, avant de s’abandonner aux charmes sonores de la Sonate de Berg. Sa lecture de l’œuvre est captivante, il joue avec les silences, ose des pianissimos toujours plus doux. Ces qualités conviennent parfaitement aux Valses nobles et sentimentales de Ravel. Sa sonorité est tantôt franche (première valse), tantôt diaphane avec des aigus à peine effleurés (deuxième valse), sans rien gommer des ambiguïtés de la partition.


Dans la Deuxième suite anglaise de Bach, il utilise toutes les ressources du piano moderne, tout en restant clair et attentif aux plans sonores. Son récital se conclut avec les Quattro Intermezzi d’Eric Tanguy, un recueil commandé par la BBC en 2003. La référence à Brahms vaut surtout pour le premier, qui présente une certaine similarité par son économie de moyens. On trouve tout au long de ces quatre pièces des échos des toccatas de Prokofiev, des harmonies debussystes ou encore, dans la dernière, avec ses rythmes irréguliers, comme un lointain hommage au jazz. Nicolas Angelich prête ses doigts de velours à ces pièces magnifiquement écrites pour le piano. Souhaitons qu’il ait bientôt la bonne idée de les enregistrer.

Le concert des membres du London Sinfonietta illustrait plusieurs facettes de la création musicale. Tous les interprètes sont rodés à la musique contemporaine, dont ils ont fait leur spécialité. Les Cautionary Tales , courtes pièces «illustrant» de petites morales enfantines, permettent d’admirer la maîtrise du clarinettiste. Les deux pièces suivantes proposent deux utilisations différentes de la flûte, soit évocation rêveuse d’un berger méditant solitairement chez Anderson, soit instrument virtuose quoique toujours nimbé de mystère pour Eric Tanguy. Le flûtiste sait passer d’un univers à l’autre, il en possède les pouvoirs évocateurs du premier autant qu’il en domine les techniques.


Steamboat Bill Junior de Magnus Lindberg est le reflet des multiples courants artistiques dont le compositeur finlandais s’inspire, mi-scherzo au sens traditionnel du terme, mi-spectrale, cette pièce relativement longue met non seulement le clarinettiste mais aussi le violoniste à rude épreuve. A partir d’un matériau de base assez réduit, la partition diversifie les épisodes et les styles. Kiss on the Wood, nocturne pour violon et piano de James McMillan s’inscrit dans une esthétique très différente. Une large cantilène se déploie dans l’aigu du violon, d’une écriture presque classique, inspirée à la fois par les mélodies traditionnelles chrétiennes et par la tradition de la musique écossaise. Cette recherche de sonorité se poursuit avec Phoenix de Richard Causton, construit sur l’idée d’opposer le piano –instrument qui ne peut pas tenir les notes jouées– aux quatre autres. Les deux mouvements présentent de nombreux épisodes brefs dans lesquels les musiciens montrent leur connivence, mais aussi leur familiarité avec ce style de musique. Ecrite pour les frères Capuçon, la dernière œuvre au programme est la Sonate pour violon et violoncelle de Tanguy, plus lyrique que la Musique pour Ming. Le redoutable mouvement perpétuel final termine brillamment la prestation.


Le concert de clôture du festival s’inscrit dans la série des « Mini concerts ». Le principe est d’organiser une manifestation courte (de l’ordre de trois quarts d’heure) pour les enfants, à un prix réduit (3 euros). Le succès est au rendez-vous pour ce mélange de pédagogie et de musique. Pour l’occasion, c’est le comédien Smaïn qui vient jouer au professeur. Il vient narrer l’histoire de Faustine et les Ogres, un conte pour lequel Tanguy a écrit une musique commandée par les éditions Gallimard. Faustine, la petite fille du maire (en bons républicains, il convient en effet de remplacer la princesse par la fille du maire), est enlevée par des ogres mais tombe amoureuse de l’un d’entre eux. Elle ne sera donc pas dévorée et ils vivront heureux ensemble. La musique, qui illustre les atmosphères entre les interventions du récitant, est écrite pour un ensemble de claviers. Smaïn présente les instruments un à un avec humour, avant de laisser la parole aux enfants pour qu’ils puissent poser des questions aux musiciens. Tout le monde s’amuse, les petits comme les grands.


Le conte commence alors. La musique se fait volontiers archaïsante, l’on y entend par moments l’écho des trompettes des hérauts anciens. Le compositeur mêle adroitement les sonorités des instruments, sans céder à la tonalité. Faustine apparaît accompagnée par une ballade que l’on croirait écrite par Poulenc, et après une évocation du Dies Iræ aux percussions, tout s’achève par une danse générale. Ce spectacle conclut le week-end sur une note de poésie et d’enchantement, servie par un récitant de premier ordre.



Thomas Herreng

 

 

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