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Nouvelle leçon brucknérienne

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/17/2007 -  et 18 (Amsterdam), 20 (Berlin), 23, 24, 25 (Wien) mars 2007
Anton Bruckner : Symphonie n° 8 (Edition Haas)
Wiener Philharmoniker, Christian Thielemann (direction)


Après une première soirée confiée à Paavo Järvi en novembre dernier (voir ici), la seconde des deux visites que l’Orchestre philharmonique de Vienne effectue cette saison en France offrait la primeur au public de la capitale d’un programme qui, avant d’être proposé à trois reprises au Musikverein, sera donné au Concertgebouw d’Amsterdam puis à la Philharmonie Berlin. Même si la Salle Pleyel confirme, et c’est heureux pour le mélomane parisien, qu’elle est à même d’afficher une concurrence sérieuse dans le domaine symphonique, le Théâtre des Champs-Elysées n’en maintient pas moins son rang, notamment parce que son acoustique, quoi qu’en en dise, conserve des atouts décisifs, ainsi que l’a d’ailleurs démontré à nouveau cette Huitième symphonie (1890) de Bruckner: avec sa précision et son naturel, son impact sonore dépourvu de saturation, ce cadre privilégié, tout en restant approprié à l’opéra baroque, continue de faire preuve d’une belle polyvalence.


L’affluence légèrement moins importante qu’à l’accoutumée pouvait s’interpréter par le fait que la soirée était intégralement dédiée à ce compositeur – perspective qui demeure rédhibitoire pour certains sous nos latitudes, d’autant que le prix des places (jusqu’à 160 euros en première catégorie) n’incitait pas le spectateur à faire preuve d’audace – mais peut-être aussi par l’impression que les jeux étaient faits. En effet, Christian Thielemann était déjà présent avenue Montaigne en novembre dernier, certes avec «ses» Philharmoniker, ceux de Munich, mais déjà dans Bruckner, en l’occurrence sa Septième symphonie (voir ici).


Ite missa est? On aura bien évidemment retrouvé ici les grandes lignes de la conception du chef allemand, notamment le sens dramatique et l’importance accordée au lyrisme, qui confèrent à l’Adagio quasiment un caractère de scène d’opéra, entre Tristan et Parsifal. Point de grande «cathédrale» mystique ou même simplement «abstraite» – il est vrai que ce n’est pas de la Cinquième qu’il s’agissait – mais, quitte à surprendre par un rubato parfois fort et par une tendance à fragmenter les épisodes et le discours, la mise en scène des passions du «ménestrel de Dieu».


Cela étant, à défaut de sortir du répertoire germanique (*), limitation assez irritante tant on ne sait s’il faut l’attribuer chez lui à la prudence ou au dédain, le chef allemand, qui dispense une fois de plus une leçon d’interprétation brucknérienne, se montre moins monolithique qu’on n’aurait pu le craindre, en s’adaptant aux musiciens qui ne sont autres que les héritiers de ceux qui créèrent l’œuvre: l’effectif – les pupitres étant respectivement augmentés d’un cinquième (neuvième) cor, d’une quatrième trompette, d’un quatrième trombone et même, pour les dernières mesures, d’un second timbalier – ne s’empâte jamais, les rythmes pointés claquent de façon nette et tranchante, tandis que le soin apporté à la clarification des plans sonores et le raffinement des textures – même si la Philharmonie n’est pas dans un soir exceptionnel, mais tout est relatif – forcent l’admiration.


(*) Thielemann sera de retour au Théâtre des Champs-Elysées le 23 mai 2008 avec l’Orchestre philharmonique de Munich dans un programme Schumann et Brahms.



Simon Corley

 

 

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