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Pour Ives

Paris
Palais Garnier
03/11/2007 -  
Claude Debussy : Sonate n° 1 pour violoncelle et piano – Trois poèmes de Stéphane Mallarmé – Etudes n° 11 «Pour les arpèges composés» et n° 3 «Pour les quartes»
Maurice Ravel : Chansons madécasses
Pierre Boulez : Sonatine pour flûte et piano
Charles Ives : A sound of a distant horn – The Housatonic at Stockbridge – A Farewell to land – Like a sick eagle – TheCage – Serenity – Ann street – Songs my mother taught me – Memories – The Circus band

Susan Graham (mezzo), Catherine Cantin (flûte), Cyrille Lacrouts (violoncelle), Pierre-Laurent Aimard (piano)


Un récital au Théâtre des Champs-Elysées, deux prestations en concerto avec l’Orchestre philharmonique de Radio France et un cycle de trois concerts «La passion du chant selon Pierre-Laurent Aimard», le dimanche soir au Palais Garnier, en association avec les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris: la saison du pianiste français dans la capitale offre une succession d’événements de nature différente, bien à l’image de cet esprit toujours en éveil, soucieux de programmes qui souhaitent donner autant à penser qu’à écouter.


Se prolongeant jusqu’à la rentrée prochaine, ce cycle comprend en réalité cinq soirées: avant Mireille Delunsch (24 juin), Christine Schäfer (1er juillet), Matthias Goerne (30 septembre) et un trio Naef/Furlanetto/Petrenko (18 novembre), il revenait à Susan Graham d’étrenner cette formule originale au cours de laquelle Aimard se fait tour à tour présentateur, accompagnateur, soliste et chambriste. Il vise notamment «à articuler entre eux les genres du lied avec la mélodie française, et à les confronter avec des œuvres contemporaines à découvrir absolument», précisant dans une brève introduction que selon un principe simple, le chant sera à chaque fois précédé d’une pièce instrumentale, complétant son adresse par une incitation préventive – et qui se prouvera efficace – aux courageux tousseurs qui se seraient risqués à subir ses foudres légitimes (voir ici).


La (Première) Sonate pour violoncelle et piano (1915) de Debussy introduit ainsi les Trois poèmes de Mallarmé (1913): plutôt une «sonate pour piano et violoncelle», compte tenu du déséquilibre entre les protagonistes, dû au violoncelle délibérément mat et en retrait de Cyrille Lacrouts, puis des mélodies qui révèlent une certaine méforme ou usure de la mezzo américaine, notamment un timbre manquant d’homogénéité. Entre graves lourds et capiteux, aigus serrés et fragiles, le medium demeure certes superbe, de même que l’art du phrasé, mais l’ensemble peut difficilement être qualifié d’idiomatique: la diction ne manque pas de soin, mais peine à sonner de façon naturelle, tandis que le style «fin de siècle» ne semble pas idéalement approprié à la dernière manière de Debussy.


Cette tendance un rien sentimentale et dramatique s’adapte en revanche mieux au propos plus narratif et descriptif des Chansons madécasses (1926) de Ravel – tant dans l’idylle (Nahandove) que dans la protestation (Aoua!) ou l’évocation (Il est doux) – introduites par deux extraits des deux livres d’Etudes (1915) de Debussy, servies par la finesse qu’Aimard sait déployer dans ce répertoire: Pour les arpèges composés, bien délurée, et Pour les quartes, bien énigmatique.


C’est lui qui accompagnait déjà Susan Graham dans un récital Ives paru voici trois ans chez Warner et, en prélude à dix mélodies du compositeur américain, il a porté son choix sur la Sonatine pour flûte et piano (1946) de Boulez. Pourquoi pas, après tout, puisque la Concord sonata d’Ives comprend bien une partie «optionnelle» de flûte, et d’autant que Catherine Cantin y met un luxe de couleur et d’expression que l’on n’entend pas toujours dans ces pages.


La sélection opérée parmi les quelque deux cents songs d’Ives fait la part belle aux plus célèbres, mais tout est relatif, car cette partie de son catalogue n’est pas la plus connue dans nos contrées, peut-être en raison de ses références culturelles très marquées. La notice distribuée au public contribue cependant à y remédier en en fournissant (exclusivement) la traduction, même si elle omet d’indiquer les auteurs des poèmes, pourtant parfois fort estimables (Byron, Keats, …). En tout cas, la variété des inspirations se montre de nature à stimuler aussi bien les spectateurs que le talent de Susan Graham, qui s’y épanouit enfin pleinement, n’ayant rien à craindre d’une partie de piano qui peut se faire puissante.


L’accompagnement n’en évoque pas moins Debussy dans A sound of a distant horn (1921) et The Housatonic at Stockbridge (1921), encore qu’il serve, dans la seconde, de toile de fond à un hymne, créant l’une de ces superpositions qu’affectionnait le compositeur. La déliquescence de A Farewell to land (1909) et Like a sick eagle (1920), l’humour presque satiste de la première partie de Memories (1897), de TheCage (1906), Ann street (1921) ou The Circus band (1894), la tendresse et la simplicité inattendues de la seconde partie de Memories, de Serenity (1919) ou Songs my mother taught me (1895), aucun de ces registres, aucun de ces petits tableaux de la vie américaine ne paraît devoir échapper à Susan Graham, qui convainc également le public par sa parfaite mise en valeur des textes.


Le site de Susan Graham



Simon Corley

 

 

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