About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Fantasque Volondat

Paris
Musée d’Orsay
03/11/2007 -  
Gabriel Fauré : Barcarolles n° 5, opus 66, n° 6, opus 70, n° 7, opus 90, n° 8, opus 96, et n° 9, opus 101 – Nocturnes n° 7, opus 74, n° 9, opus 97, et n° 10, opus 99 – Impromptus n° 4, opus 91, et n° 5, opus 102

Pierre Alain Volondat (piano)


Le week-end que le Musée d’Orsay consacre à l’intégrale de l’oeuvre pianistique de Brahms et Fauré suggère bien évidemment des parallèles entre eux, mais aussi entre leurs interprètes: à la manière de François-Frédéric Guy pour Brahms (voir ici), Pierre-Alain Volondat s’est ainsi imposé, dans la même génération, comme un interprète privilégié de Fauré, qu’il a d’ailleurs enregistré chez Naxos, les deux pianistes français partageant en outre des caractéristiques communes, qu’il s’agisse d’une maturité précoce ou d’une attitude réservée, pour ne pas dire introvertie, face au public.


L’un des avantages du parti pris chronologique et monographique retenu par les organisateurs est qu’il permet bien évidemment de prendre la mesure de l’évolution progressive des deux compositeurs: en l’espèce, les dix pièces de ce récital Fauré couvrant la période 1895-1909 s’organisaient clairement selon trois temps différents, à cheval sur les deux dernières des trois périodes que l’on a coutume de distinguer dans son corpus pianistique. Autre avantage: au contraire d’un regroupement par genre, susceptible de lasser l’auditeur, se succèdent des morceaux de physionomie dissemblable: comme Brahms (Ballades, Scherzo), Fauré se place d’ailleurs ici dans la descendance de Chopin (Nocturnes, Impromptus, Barcarolles), même si l’hommage, au fil des années, s’adresse davantage à l’intitulé qu’à des déterminants stylistiques trouvant leur origine dans les années 1830.


Le concert débute par une sorte de bis, puisque Jean-Frédéric Neuburger avait déjà interprété, la veille au soir, l’étonnante Cinquième barcarolle (1895): Volondat donne d’emblée le ton, accusant la modernité du propos et la variété des climats. Point de divertissement léger, de demi-teintes, pour ne pas dire de cette fadeur dont Fauré est si souvent nimbé, mais un regard qui porte loin: vagues debussystes et ravéliennes, bien sûr, mais aussi percussion bartokienne et pointillisme webernien. Dans la Sixième barcarolle (1896), l’élégance n’en est pas moins de mise, mais elle ne vient jamais contredire la fermeté du trait, le jaillissement quasi beethovénien de l’inspiration. Le vaste Septième nocturne (1898) frappe quant à lui par son éloquence lisztienne, dans l’esprit d’un poème symphonique, à l’image de ces graves puissants qui semblent ouvrir des abîmes infernaux.


Sept ans ont passé pour le deuxième temps de ce récital: même si Volondat, par ses choix, a tendance à aplanir les nuances entre les époques, il n’en met pas en moins en valeur les phrases brèves et les chromatismes hésitants de la Septième barcarolle (1905). Léger, le Quatrième impromptu (1905)? Sans doute, mais à la façon inquiétante d’une Méphisto-valse, ce que le climat de sa longue partie centrale ne vient pas démentir, de même que la Huitième barcarolle (1908).


Le dernier temps proposait quatre pages écrites en 1908 et 1909: le Neuvième nocturne bénéficie d’une magnifique restitution de ses divers plans sonores, tandis que le Dixième semble ici évoquer… le dernier Brahms, tant par sa couleur que, surtout, par ses errements elliptiques. Une impression que vient confirmer la Neuvième barcarolle, avant une conclusion particulièrement fantasque, le Cinquième impromptu, que Volondat, inhabituellement souriant et expansif, place résolument sous la bannière debussyste entre Jardins sous la pluie et Feux d’artifice.


Et c’est donc en toute logique qu’il offre en bis la troisième et dernière de la Seconde série des Images, exactement contemporaine, Poissons d’or: Debussy, selon Vines, leur dédicataire, les lui «joua à sa façon souple et veloutée», mais c’est plutôt sur une variante de L’Isle joyeuse que se conclut une prestation décidément hors des sentiers battus.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com