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Les Américains chez Pasdeloup Paris Salle Pleyel 03/10/2007 - Leonard Bernstein : Suite de «West side story» (extraits)
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18
Antonin Dvorak : Symphonie n° 9 «Du nouveau monde», opus 95, B. 178
Pascal Amoyel (piano)
Orchestre Pasdeloup, Tatsuya Shimono (direction)
Des affichettes «Cherche une place» fleurissant rue du faubourg Saint-Honoré par ce bel après-midi de (presque) printemps? Eh bien non, ce n’est ni pour le retour d’Argerich, ni pour celui de Rattle, mais pour l’un des concerts que l’Orchestre Pasdeloup donne cette année à Pleyel. Le public a donc massivement suivi cet ensemble plus que centenaire dans sa novelle migration et le pari consistant à remplir cette salle de grande dimension a ainsi été largement tenu: une satisfaction en même temps qu’un soulagement pour les musiciens, compte tenu de la fragilité des associations symphoniques parisiennes, mais aussi la reconnaissance de leur travail.
Leur but n’est certes pas de prétendre se confronter à ce qu’une programmation comme celle de Pleyel peut offrir, et qui s’annonce d’ailleurs encore plus riche pour 2007-2008, même si la formation confirme son excellente santé et sa motivation, mais ils viennent rappeler ce que la musique devrait être, bien plus souvent qu’une simple affaire de technique ou de prestige: des exécutants qui ont envie de jouer, un chef qui les galvanise, des spectateurs fidèles et enthousiastes, ne serait-il pas hasardeux d’affirmer que toutes les grandes soirées symphoniques de la capitale dispensent réellement de tels plaisirs?
Avec Bernstein, Dvorak et Rachmaninov, ce sont non seulement d’increvables «classiques favoris» qui étaient réunis, mais, sous le titre «Terre d’accueil» et dans une saison entièrement placée sous le signe du «Voyage», trois compositeurs dont le nom évoque les Etats-Unis. C’était en même temps l’occasion de retrouver Tatsuya Shimono (né en 1969): depuis sa première apparition en mars 2004 (voir ici), nanti de premiers prix obtenus en 2000 à Tokyo et en 2001 à Besançon (voir ici), il a conquis l’Orchestre Pasdeloup, qui l’a donc réinvité dès avril 2006 (voir ici).
Devenu depuis novembre 2006 le premier à occuper, aux côtés de Gerd Albrecht, la nouvelle fonction de «chef résident» du Yomiuri Nippon symphony orchestra, Shimono n’a ni l’allure ni la gestuelle de son compatriote Yutaka Sado, mais Bernstein lui réussit également à merveille: respiration ample et naturelle des pages lyriques, tension des pages rythmiques, le regret est d’autant plus grand que la Suite de West side story (1957) ait été réduite de plus de moitié.
Dans le Deuxième concerto pour piano (1900) de Rachmaninov, Pascal Amoyel, s’il livre une prestation sans accroc majeur, peine hélas à convaincre: manquant des réserves de puissance qu’exige la partie soliste, il demeure trop en retrait, comme s’il ressentait une difficulté à s’y épancher. Gageons donc que sa sensibilité est mieux adaptée à d’autres répertoires.
Difficile, dans la Neuvième symphonie «Du nouveau monde» (1893), de passer, au-delà même des références discographiques, moins de deux mois après les orchestres de Toulouse (voir ici) et d’Amsterdam (voir ici)? Voire, car Shimono contourne habilement l’obstacle: ce ne sera pas ici la Neuvième de Sokhiev ou la Neuvième de Jansons, mais la Neuvième de Dvorak. Si son interprétation n’est pas nécessairement plus idiomatique que celle de ses glorieux collègues, encore qu’il soit le seul des trois à avoir respecté la reprise dans le premier mouvement, son refus de la subjectivité à tout prix ne traduit nullement pour autant une absence de personnalité: comme dans la Symphonie fantastique voici près d’un an, Shimono s’impose par son efficacité, son sens dramatique, voire épique, ses tempi généralement allants. Une simplicité de moyens qui se révèle d’excellent aloi, ne s’alanguissant jamais sans pour autant négliger la poésie et sachant trouver le ton juste dans cette œuvre rabâchée. Et l’impeccable solo de cor anglais de Benoît Roulet constitue un nouvel exemple des remarquables individualités que recèle l’Orchestre Pasdeloup, indépendamment de son bel esprit de groupe.
Le site de Pascal Amoyel
Simon Corley
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