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Le Bach romantique

Paris
Eglise de Saint-Germain-en-Laye
03/08/2007 -  et 9 (Maisons-Alfort), 10 (Montrouge), 11 (Clichy-sous-Bois) mars 2007
Felix Mendelssohn : Christe du Lamm Gottes, WoO 5 – O Haupt voll Blut und Wunden – Verleih’ uns Frieden gnädiglich – Christus, opus 97
Joseph Haydn : Introduction, Sonate VI et Finale des «Sept dernières paroles du Christ en Croix», Hob.XX.1

Eléonore Lemaire (soprano), Robert Getchell (ténor), Thomas Dolié (baryton), Virgile Ancely (basse)
Le jeune chœur de Paris, Orchestre national d’Ile-de-France, Laurence Equilbey (direction)


Pâques approche déjà, mais plutôt qu’une Passion ou un Messie de saison, l’Orchestre national d’Ile-de-France a judicieusement choisi de présenter à quatre reprises un programme original, construit autour de Mendelssohn et confié à Laurence Equilbey ainsi qu’à l’un des ensembles dont elle assure la direction avec Geoffroy Jourdain: créé en 1995, Le jeune chœur de Paris est devenu en 2002 l’un des départements du CNR de Paris, c’est-à-dire, comme on peut l’imaginer aisément, un centre de formation pluridisciplinaire pour jeunes chanteurs.


Pas de Passion en première partie, mais un Bach néanmoins omniprésent, ce qui n’a pas lieu de surprendre dans le corpus religieux de celui qui, alors âgé de seulement vingt ans, fut l’artisan de la «résurrection» de la Saint Matthieu en 1829 à Berlin. C’est de cette époque que datent d’ailleurs sept «cantates», éditées seulement dans les années 1970, traduisant le souci de Mendelssohn de remettre le genre au goût du jour. La première, Christe, du Lamm Gottes (1827), évoque moins le modèle formel de Bach que la quatrième, O Haupt voll Blut und Wunden (1830), structurée en chœur introductif, air de baryton, superbement chanté par Thomas Dolié, puis choral.


Dans un texte reproduit dans la notice, une fois de plus passionnante, établie par Corinne Schneider, le compositeur ne nie évidemment pas cette influence («Que ces compositions aient quelque ressemblance avec celles de Jean-Sébastien Bach, je n’y puis rien […] et si les paroles m’ont impressionné de la même manière que le vieux Bach, je n’en dois être que plus content»), mais il précise qu’il les a «écrites ligne pour ligne sous [son] impression du moment»: de fait, il y apporte la marque d’un musicien du XIXe, comme dans la conclusion de O Haupt voll Blut und Wunden, superposition du choral «Ich will hier bei dir stehen» à un accompagnement orchestral résolument romantisant. De même, la simple «prière» Verleih’ uns Frieden gnädiglich (1831), sur le Da nobis pacem, Domine de Luther, exactement contemporaine bien que n’appartenant pas à cet ensemble de sept cantates, annonce les pages les plus paisibles du Requiem allemand de Brahms.


En seconde partie, l’oratorio Christus (1847), qui aurait formé une trilogie avec Elias et Paulus mais dont seuls sept numéros achevés (vingt minutes), tirés des deux premières des trois parties, ont été publiés, tient davantage de la Passion à la façon de Bach – Evangéliste incarné par un ténor (ici, Robert Getchell), alternance de récitatifs et chorals familiers, scène de foule avec Pilate – mais ici encore, Mendelssohn n’en fait pas une simple imitation, ni même une pâle copie, car la dimension romantique s’y fait clairement sentir.


Tout cela a donc un goût de trop peu, d’autant que cette soirée passe trop vite (moins d’une heure de musique, pas moins interrompue par un entracte de dix minutes), même enrichie de trois extraits d’une autre œuvre directement liée à la Semaine sainte, les Sept dernières paroles du Christ en Croix (1787) de Haydn. Un «résumé» – l’Introduction, la sixième «sonate» («Consumatum est!») et Le Tremblement de terre final – d’autant plus frustrant que la durée paraissait pouvoir autoriser une plus large sélection et que la présence d’un chœur aurait permis de proposer la rare version «oratorio», au lieu de la version (originale) pour orchestre.


Autre regret: la réverbération de l’Eglise de Saint-Germain-en-Laye magnifie certes la sonorité des quatre-vingts choristes et musiciens, mais rend difficile une véritable appréciation de leur travail. L’esprit semble cependant souffler sur cette prestation, qui gagnera sans nul doute à être entendue dans de meilleures conditions.


Le site du jeune chœur de Paris



Simon Corley

 

 

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