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Retour aux sources Paris Athénée – Théâtre Louis-Jouvet 02/21/2007 - et 9, 10 (La Rochelle), 13 (Valenciennes), 15 (Suresnes), 17 (Saintes), 22*, 24, 25, 27, 28 février, 2, 3, 4 (Paris), 6 (Lannion), 10 (Chelles), 13 (Narbonne), 20, 21, 22, 23 (Marseille), 30, 31 (Arras) mars, 3 (Beauvais), 5 (Niort) avril, 22 (Nîmes), 24 (Saint-Louis), 30 (Vevey) mai 2007 Jacques Offenbach : Les Brigands (arrangement Thibault Perrine) Jean-Philippe Catusse (Pipo, Campotasso), Christophe Crapez (Falsacappa), Gilles Favreau (Domino, Le caissier), David Ghilardi (Le Prince), Emmanuelle Goizé (Fragoletto), Matthieu Heim (Le chef des carabiniers), Olivier Hernandez (Gloria-Cassis), Jeanne-Marie Lévy (Le précepteur, la Marquise), Ronan Nédélec (Pietro), Charlotte Plasse (Fiametta, Le page), Camille Slosse (Zerlina, La Duchesse), Marie-Bénédicte Souquet (Fiorella), Ainhoa Zuazua Rubira (La Princesse), Matthieu Cabagnès*/François Rougé (Carmagnola), Christophe Grapperon*/Jacques Gomez (Barbavano)
Boris Grelier/Edouard Sabo (flûte), Hélène Gueuret (hautbois), François Miquel (clarinette), Yannick Mariller (basson), Takénori Némoto/Pierre-Olivier Pigoll (cor), André Feydy/Vincent Mitterrand (trompette), Pierre Gourier (percussions), Blandine Chemin/Benjamin Fabre/Claire Hazera/Pablo Schatzman/Claire Sottovia (trois violons), Laurent Camatte, Maria Mosconi-Mikhin (altos), Vérène Westphal (violoncelle), Matthieu Carpentier (contrebasse), Nicolas Ducloux (piano et chef de chant), Benjamin Lévy (direction musicale)
Stéphane Vallé et Loïc Boissier (mise en scène), Florence Evrard (scénographie), Elisabeth de Sauverzac (costumes), Philippe Lacombe (lumières)
Après des réussites souvent éclatantes les années passées, le traditionnel spectacle que les Brigands présentent à l’Athénée à l’occasion des fêtes avait quelque peu déçu en décembre dernier (voir ici). Mais la joyeuse compagnie préparait déjà sa revanche, avec un double retour aux sources: Offenbach – le compositeur qui a accompagné son ascension, avec Geneviève de Brabant en 2001, puis Barbe-Bleue en 2002 et Le Docteur Ox en 2003 (voir ici) – et l’opéra bouffe (1869) dont elle a tiré son nom.
Aux deux saynètes pour cinq personnages de la fin 2006 succède donc le retour à un «grand format», mais à l’échelle des Brigands, c’est-à-dire avec des moyens suffisamment modestes pour autoriser une grande mobilité: déjà rodé en province, le spectacle entreprendra en effet, après son séjour à l’Athénée, une tournée jusqu’à la fin du mois de mai. La trentaine de rôles a été réduite à vingt, confiés à quinze chanteurs, le livret étant aménagé en conséquence, et l’orchestration a été adaptée – par Thibault Perrine, comme de coutume – pour quinze musiciens. Même si des «nouveaux», qui ont déjà fait leurs armes dans le domaine lyrique (Marie-Bénédicte Souquet, Ronan Nédélec) se sont joints aux «anciens» (Christophe Crapez, Emmanuelle Goizé, Christophe Grapperon), on tient là une fois de plus un vrai travail collectif, d’autant que chacun se fait ici tour à tour soliste, choriste ou même machiniste.
Retour aussi à un répertoire plus connu – puisque Les Brigands ont notamment été illustrés par Louis Erlo à Lyon en 1988, puis par Jérôme Deschamps à Amsterdam et à Paris en 1990-1991 – et, avant tout, plus substantiel: une impeccable intrigue due à Meilhac et Halévy, truffée, avec ces Espagnols de pacotille, de citations plus ou moins fidèles du Cid; une musique ambitieuse, notamment au premier acte, qu’Offenbach, au moment précis où l’on pourrait croire qu’il commence à se prendre au sérieux, prend toujours soin de faire basculer à nouveau du côté de la légèreté.
Stéphane Vallé et Loïc Boissier, l’administrateur de la compagnie, se sont associés pour une mise en scène qui tire souvent parti de la fosse et même de la salle. Mais le premier acte manque de rythme et il faut attendre la seconde partie de la représentation (deuxième et troisième actes) pour le véritable décollage. La partition y contribue d’ailleurs pour beaucoup, avec des ensembles à succès tels ceux des marmitons ou de la délégation espagnole. Tout cela reste cependant bien sage, sans ce petit grain de folie qui pourrait emporter pleinement la conviction. Est-ce l’usure du concept ou la lassitude du spectateur? Le délire du Docteur Ox paraît en tout cas bien lointain.
Pour le reste, on retrouve l’équipe habituelle des Brigands: Florence Evrard pour des décors parcimonieusement composés de deux éléments roulants, dont le recto comme le verso font usage; Elisabeth de Sauverzac pour des costumes cultivant le coq-à-l’âne chronologique, entre un Prince XVIIIe, des Espagnols sortis d’un tableau de Vélasquez et un courrier de cabinet au casque de motocycliste; enfin, Philippe Lacombe pour des éclairages qui tiennent une place centrale dans le dispositif, depuis la pénombre initiale jusqu’à une quasi-crudité au dernier acte.
Côté chant, le sympathique côtoie l’excellent: Emmanuelle Goizé (Fragoletto) toujours aussi percutante et précise, Christophe Crapez (Falsacappa) égal à lui-même, ne forçant pas son talent malgré un falsetto désopilant, mais auquel on pourra par exemple préférer l’incarnation très forte du caissier Antonio par Gilles Favreau. Chef attitré de la troupe, Benjamin Lévy peine à éviter les décalages entre le plateau et un orchestre aux cordes souvent bien aigres, défauts qui pourront toutefois sans doute s’estomper avec le temps.
Simon Corley
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