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Un Rameau flamboyant

Paris
Salle Pleyel
02/16/2007 -  
Jean-Philippe Rameau, Castor et Pollux

Anders Dahlin (Castor), Laurent Naouri (Pollux), Sophie Daneman (Télaïre), Jennifer Smith (Phébé), Julia Doyle (suivante d’Hébé), Miriam Allan (une Ombre), Katharine Fuge (Cléone), Matthew Brook (Jupiter), Tom Raskin (un Athlète), Marc Molomot (Mercure), Nicholas Mulroy (un Spartiate), Samuel Evans (le Grand Prêtre)
English Baroque Soloists, Monteverdi Choir, Sir John Eliot Gardiner (direction)

Pour sa « carte blanche » parisienne, offerte par la Cité de la Musique (« Domaine privé »), John Eliot Gardiner a d’emblée choisi Rameau, le compositeur dont il avait révélé les extraordinaires Boréades à Aix-en-Provence, en 1982. On se souvient de la très belle production de Castor et Pollux, immortalisée au disque par William Christie. Si ce dernier donnait la version de 1737, Gardiner choisit celle, révisée, de 1754, où disparaît notamment le prologue. Double intérêt donc, de ce concert, car à la tête d’un ensemble qu’il a créé il y a une quarantaine d’années, Gardiner vient de donner une interprétation magistrale de ce chef-d’œuvre. Un écho parisien à une autre scène du passé : dans les années soixante, le jeune Gardiner étudie à Paris avec Nadia Boulanger et poursuit sa découverte de Rameau après les enregistrements de George Malcolm, Anthony Lewis et Janet Baker.
Virtuose et expressif, l’orchestre impressionne dès les premières notes de l’ouverture. La grande subtilité de la partition ramiste est parfaitement rendue par un ensemble sensible aux accents, aux respirations et au geste musical, si importants dans les nombreuses danses qui scandent l’action. Action du corps tout autant que figure éloquente, la musique de cette tragédie lyrique en cinq actes, sur un livre de Pierre-Joseph Bernard, ne raconte pas seulement une histoire, mais la fait revivre. Tout est organiquement subordonné au drame, liant deux filles du Soleil (Télaïre et Phébé) à deux frères spartiates (Castor et Pollux). La jalousie de Phébé (parfaite Jennifer Smith) provoque la mort de Castor, célébrée par un chant funèbre saisissant. Si Pollux venge son frère en tuant Lincée, il reste à ramener Castor des Enfers. La victoire militaire engage la confrontation aux lois éternelles : ainsi, le sacrifice de Pollux est demandé par son père même, Jupiter. L’entrecroisement des amours trouve son écho dans ces échanges de mondes. Les furies de l’entrée des Enfers contrastent avec le « locus amoenus » des Champs-Elysées, où l’on retrouve un Castor abîmé dans le doux souvenir de Télaïre. C’est alors qu’Anders Dahlin donne toute la mesure d’un beau timbre de haute-contre, après un Laurent Naouri qui impose facilement la stature ‘divine’ de Pollux. Les retrouvailles souterraines avec son frère sont poignantes. Castor peut alors revoir Télaïre pour une seule journée, tant les lois de l’Enfer sont inflexibles. C’est sans compter la générosité de Jupiter, qui élève au rang de constellations le trio.
La diversité des scènes et des moments dramatiques rappelle à tout moment l’excellence des troupes de Gardiner, doublées d’un excellent quatuor de solistes. Le niveau moindre des autres rôles vocaux n’enlève rien au caractère exceptionnel de cette soirée.





Frédéric Gabriel

 

 

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