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Œuvres phares et œuvres rares

Paris
Sorbonne (Amphithéâtre Richelieu)
02/16/2007 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie en ré mineur, K. 385g [397]
Hélène de Montgeroult : Sonate en fa mineur, opus 5 n° 2
Ignace Ladurner : Sonate en fa majeur, opus 4 n° 1
Ludwig van Beethoven : Sonate n ° 8 «Pathétique», opus 13

Hugues Leclère (pianoforte)


Dans le cadre des «Concerts de midi» du vendredi à la Sorbonne, Hugues Leclère proposait un récital qui, comme le faisait spirituellement observer Jean-Pierre Bartoli, associait «œuvres phares» et «œuvres rares», tout l’intérêt étant en effet de replacer celles-ci dans un contexte plus familier, et d’entendre celles-là, une fois n’est (relativement) pas coutume, au pianoforte. Dans leur présentation liminaire, le musicologue et le musicien insistent d’ailleurs sur le fait qu’il ne serait pas pertinent de comparer les instruments à l’aune des «progrès» techniques dont ils ont pu bénéficier – un exercice qui, au demeurant, tournerait systématiquement à l’avantage du piano – et qu’il serait encore plus hasardeux de prétendre que tel ou tel compositeur attendait ou avait même pressenti telle ou telle amélioration de la facture instrumentale. Dès lors, il suffit selon eux d’admirer le pianoforte en tant que tel, instrument parfaitement abouti, adapté à une époque qui attachait une importance toute particulière à la sonorité, comme en témoignent par exemple les ombres délicates que dispense la sourdine de la copie du Stein (Vienne, vers 1785-1790) qu’Hugues Leclère joue pour l’occasion.


Dans la Fantaisie en ré mineur (1782) de Mozart, le refus de surcharger les affects préromantiques le conduit parfois quasiment à une distance excessivement indifférente, mais l’attente portait avant tout sur la suite du programme. En effet, curieux de nature, Hugues Leclère s’est déjà illustré par un disque consacré à Louis Adam. Il ne pouvait donc que manifester son intérêt pour la redécouverte récente, notamment au travers de la biographie de Jérôme Dorival qui vient de sortir chez Symétrie, d’Hélène de Montgeroult (1764-1836).


Ce n’est pas nécessairement servir les moins illustres que de les comparer aux plus illustres: si elle regarde certes vers l’avenir «comme Beethoven», sa ligne d’horizon semble néanmoins moins éloignée, à l’audition de l’une de ses nombreuses Sonates. En trois mouvements assez développés (vingt-deux minutes), la Deuxième de son Opus 5 (1811) paraît indéniablement virtuose, avec une basse un peu convenue et monotone, mais n’en possède pas moins un caractère intimiste: un sentiment accru par la tonalité de fa mineur, même si le second thème – lyrique et richement ornementé – de l’Allegro moderato con espressione initial y échappe (y compris dans la réexposition), le mouvement se concluant d’ailleurs en majeur. Le chant, non moins travaillé, joue à nouveau un rôle essentiel dans l’Aria con espressione, mais c’est l’Agitato con fuoco conclusif qui captive le plus, dans l’esprit du mouvement final de la Sonate «Clair de lune».


Hugues Leclère se montre plus à son aise avec un autre compositeur de la même génération, Ignace Ladurner (1766-1839), dont il a enregistré trois Sonates. La Première de l’opus 4 (1797), en fa majeur, présente une structure originale qui fait se succéder trois mouvements vifs. Le propos, moins ambitieux que celui de Montgeroult, tant par la durée (douze minutes) que par le ton, plus brillant et extérieur, possède un parfum mozartien, perceptible dès l’Allegro assai, même si son ampleur est souvent quasi symphonique, notamment dans son développement central. Le Scherzetto, quant à lui, aurait pu être signé de Haydn, toutes influences qui s’expliquent sans doute par l’origine autrichienne de Ladurner, qui ne s’est installé à Paris qu’à l’âge de vingt-deux ans.


A la lumière de ces contemporains, on réécoute différemment les pages célébrissimes de la Huitième sonate «Pathétique» (1799) de Beethoven: même si les pianos modernes nous ont habitués à un Adagio cantabile plus moelleux, les quelques accrocs qui émaillent l’interprétation sont sans conséquence tant Hugues Leclère privilégie à juste raison le risque et l’élan, mettant ainsi en valeur la puissante dynamique beethovénienne.


Le site d’Hugues Leclère



Simon Corley

 

 

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