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En attendant des jours meilleurs Paris Théâtre de la Ville 02/10/2007 - Franz Schubert : Trio avec piano n° 2, D. 929
Johannes Brahms : Trio avec piano n° 2, opus 87
Graf Mourja (violon), Françoise Groben (violoncelle), Peter Laul (piano)
L’association de Graf Mourja, Françoise Groben et Peter Laul est celle de familiers du Théâtre de la Ville mais surtout de musiciens autour de la trentaine qui, sans renoncer à mener des carrières individuelles, n’en constituent pas moins une formation qui se retrouve régulièrement pour faire de la musique de chambre. Mais d’emblée le Second trio (1827) de Schubert frappe par son manque d’équilibre entre un piano puissant, voire brutal, dans les tutti, et des cordes dont la précision et la sonorité, notamment pour le violon, rèche et aigre, ne sont pas en outre le point fort. Les interprètes semblent avoir pris au mot Schumann, qui opposait ce Trio, selon lui «masculin et dramatique», au Premier, «lyrique et féminin»: rude, violent et heurté, le propos cultive des contrastes déjà plus mahlériens que schubertiens, que ce soit dans les abîmes de l’Andante con moto ou dans le côté pastoral du Scherzando, tandis que l’Allegro final n’est pas très moderato.
La seconde partie permettait de disposer d’un aperçu de l’enregistrement des Trios de Brahms que l’ensemble a entrepris pour Intégral Classic. Ses qualités trouvent sans doute mieux à s’exprimer dans ce romantisme plus tardif, ainsi que le montre le Deuxième trio (1882), même si de tels déferlements de passion ne semblent pas toujours indispensables. Et pourquoi Peter Laul persiste-t-il à alterner quasi exclusivement toucher dur et jeu perlé? Les cordes semblent donc vouloir faire bande à part, ce dont témoigne même leur placement sur scène: au lieu d’esquisser un demi-cercle avec le pianiste ainsi que le font la plupart des trios, elles lui tournent le dos pour faire face au public.
Mais comme il ne faut jamais s’en tenir à une prestation et une impression uniques, il faudra donc entendre leur disque Brahms et les réécouter, on l’espère, dans un meilleur jour.
Simon Corley
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