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Le Boléro de Zygel

Paris
Maison de Radio France
02/10/2007 -  
Maurice Ravel : Boléro

Jean-François Zygel (présentation)
Orchestre philharmonique de Radio France, Kazushi Ono (direction)


Les institutions musicales se plaignent trop souvent des difficultés qu’elles rencontrent dans leur quête de nouveaux publics pour ne pas songer elles-mêmes à préparer l’avenir. Bon nombre d’orchestres parisiens ont ainsi mis sur pied des actions destinées à sensibiliser les plus jeunes à la musique classique. C’est notamment le cas de l’Orchestre philharmonique de Radio France, qui propose un «programme pédagogique» autour de deux séries comptant respectivement sept et neuf manifestations, destinées aux plus de six ans et auxquelles familles aussi bien que groupes scolaires peuvent assister: «Si l’orchestre m’était conté», avec les conteuses Valérie de La Rochefoucault et Muriel Bloch, et «Les clefs de l’orchestre», avec un conteur non moins malicieux, l’omniprésent Jean-François Zygel.


Le choix des œuvres se fait en articulation avec la saison du Philhar’, à l’image de ce samedi matin au cours duquel était repris le Boléro (1928) de Ravel donné la veille au soir Salle Pleyel. Enregistrée dans les conditions du direct pour une diffusion sur France Musique le 14 mars puis sur France 5 le 21 juin, cette séance animée par Zygel fera en outre l’objet d’un DVD, qui viendra grandir la collection «Les clefs de l’orchestre» dont le premier numéro, consacré à la Cent-troisième symphonie «Roulement de timbales» de Haydn, est paru chez Naïve.


A en juger par la nombreuse assistance venue pour l’occasion, le tarif unique à 5 euros – moins que pour une place de cinéma – étant indéniablement incitatif, si le rajeunissement est évident, le renouvellement sociologique est en revanche moins certain. En tout cas, une heure durant, tout ce petit monde se tient bien silencieux, et ce non sans mérite. Car les explications de Zygel, si elles brillent comme toujours par leur clarté, ne s’adressent pas nécessairement à des enfants de six ou même dix ans, faisant appel à un vocabulaire certes riche mais parfois complexe («exotisme», «pizzicato», «volute», «carrousel», …). Et soixante minutes, c’est bien long, quelles que soient les séductions déployées par le maître d’école. Ma voisine, sept ans et demi, comme elle le précise fièrement, s’impatiente – sagement – mais s’impatiente quand même: elle aimerait entendre tout de suite le Boléro en entier.


Cela étant, les moins jeunes, adolescents ou accompagnants, qui disposent par ailleurs de notes de programme précises et synthétiques, passent un excellent moment. Zygel est, comme à son habitude, au four et au moulin, avec un professionnalisme et une efficacité impeccables: au piano, pour illustrer son propos ou se livrer à des pastiches cocasses; au célesta, où il rate le départ que lui donne Kazushi Ono – excellente leçon, au demeurant, pour les spectateurs, qui comprennent ainsi la préparation et le travail qu’exige une exécution bien en place; face à la salle, pour lui faire reprendre en chœur les deux mesures du fameux rythme ou pour imiter Oum Kalsoum; en porteur de pancartes sur lesquelles sont inscrits recto verso en grands caractères les noms des instruments ou groupes d’instruments qui entrent successivement en jeu; en arrangeur de «mini-boléros» orchestraux aussi désopilants qu’instructifs: d’abord un condensé du seul accompagnement en crescendo, puis le même en diminuendo (Anti-Boléro) et, enfin, l’ingénieuse idée consistant à montrer comment fonctionne la partition en soumettant un thème plus court et connu de tous, Au clair de la lune, au même traitement que celui du Boléro.


Et si l’on peut contester le fait que la coda soit décrite comme une «apothéose glorieuse», comment résister à «la souris sur l’armoire» et à «l’éléphant sur le tabouret»? D’autant que les musiciens paient également de leur personne, interprétant leur partie en solo à l’invitation de Zygel, et que, le chef, par ses mimiques parlantes, s’implique pleinement. Alors, lorsqu’a retenti le dernier accord d’une belle version, conduite par Ono dans un tempo moyen (15 minutes et demie) et, surtout, stable, chacun rentre chez soi en connaissant par cœur l’ordre dans lequel les instruments présentent les deux sections du thème (flûte, clarinette, basson, petite clarinette, …), mieux encore que les noms des douze avenues qui partent de l’Etoile.


La page «Jeune public» de l’Orchestre philharmonique de Radio France



Simon Corley

 

 

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