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Grave mais pas sérieux Paris Auditorium Saint-Germain 01/29/2007 - François Devienne : Quatuor avec basson n° 1, opus 73 (+)
Wolfgang Amadeus Mozart : Adagio pour cor anglais, K. 580a (#)
David Uber : Double portraits (*)
Bernard Salles : Carmen Fantaisie (^)
Domenico Torta : Recalling Rossini (^)
Ludwig van Beethoven : Duo pour alto et violoncelle «Mit zwei obligaten Augengläsern», WoO 32 (§)
Hélène Gueuret (#) (cor anglais), Frédéric Bouteille (+) (basson), Sylvain Delvaux (*) (trombone), André Gilbert (*) (tuba), Marie Clouet (+), Isabelle Durin (#), Benachir Boukhatem (+ # §) (alto), Céline Mondésir (+ # §) (violoncelle), Robert Pelatan (^), Pierre Maindive (^), Jean-Philippe Vo Dinh (^), Philippe Bonnefond (^), Pierre Herbaux (^) (contrebasse)
L’Orchestre national d’Ile-de-France n’est évidemment pas la seule formation qui s’attache à valoriser ses meilleurs éléments en organisant des concerts de musique de chambre, mais c’est sans doute celle qui, à Paris, remporte la palme de l’originalité, tant par le créneau et le lieu inhabituels qu’elle a choisis (le lundi à 19 heures 30 à l’Auditorium Saint-Germain, avec entrée gratuite pour les moins de dix-huit ans) que, surtout, par ses programmes rares, à l’image de celui intitulé «Clé de fa», faisant alterner période classique et XXe siècle pour mettre à l’honneur le registre grave des différentes familles d’instruments de l’orchestre.
C’était d’abord le tour du basson, avec le Premier quatuor de François Devienne (1759-1803). Rendant justice à la virtuosité de l’auteur, le propos tient de la musique concertante davantage que de la musique de chambre. Certes souvent prévisible, la partition ménage cependant d’intéressantes ruptures de ton ainsi que de beaux moments, comme le bref Adagio cantabile central ou le fort haydnien Rondo final.
Le cor anglais est certes en fa, mais il ne s’écrit pas en clé de fa, pas même d’ailleurs en clé d’ut, et il n’est pas non plus la basse du hautbois, mais son alto. Qu’importe, car c’est toujours avec plaisir que l’on entend l’Adagio avec trio à cordes (1789) de Mozart, dont le début évoque celui de l’Ave verum, même si le tempo aura paru ici un peu hâtif.
Après les bois, les cuivres graves, trombone et tuba, réunis pour les Doubles portraits de David Uber (né en 1921), tromboniste solo de l’Orchestre de la NBC: dans ces trois courtes pièces, les rythmes syncopés sont bien dans les cordes, si l’on peut dire, des deux protagonistes, mais le lyrisme dont ils savent aussi faire preuve surprend davantage.
Car l’enjeu, pour ces musiciens «du fond de la classe», ceux qui sont assis à côté du radiateur, c’est de montrer qu’ils peuvent aussi devenir des vedettes d’un jour. Rien de tel que l’opéra, dès lors, pour placer cinq contrebasses sur le devant de la scène, même si les deux pots-pourris que sont Carmen Fantaisie de Bernard Salles (né en 1954) et, dans une moindre mesure, Recalling Rossini de Domenico Torta font autant appel à des extraits symphoniques qu’à des airs. Les arrangements sont sans doute habiles, mais force est de constater que le registre aigu de l’instrument est trop souvent ingrat en termes de timbre et d’intonation, de telle sorte que l’ensemble finit par évoquer les concerts Hoffnung.
C’est la conclusion du concert qui se révèle instrumentalement la plus satisfaisante, avec le Duo «des lunettes» (1797) de Beethoven. Même si seule Céline Mondésir porte des lunettes, elle restitue avec un grand bonheur, en compagnie de Benachir Boukhatem, ce charmant duo pour alto et violoncelle.
Simon Corley
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