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Les Contes d'Hoffmann mis en abyme

Paris
Opéra Bastille
01/25/2007 -  et les 28 & 30 janvier, les 3, 7, 10, 13 & 15 février
Jacques Offenbach : Les Contes d'Hoffmann
Janez Lotric (Hoffmann), Ekaterina Gubanova (La Muse/Niklausse), Franck Ferrari (Lindorf/Coppélius/Dr Miracle/Dapertutto), Christoph Homberger (Andres/Cochenille/Frantz/Pitichinaccio), Sumi Jo (Olympia), Annette Dasch (Antonia), Nancy Fabiola Herrera (Giulietta), Marie-Paule Dotti (la Mère d’Antonia), Jason S. Bridges (Nathanaël), Christian Jean (Spalanzani), Sergei Stilmachenko (Hermann), Yuri Kissin (Schlemil), Alain Vernhes (Luther/Crespel)
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, Marc Piollet (direction)
Robert Carsen (mise en scène)

Théâtre dans le théâtre, mise en abyme : c’est du Robert Carsen tout pur, pétillant comme toujours d’intelligence et de subtilité, interprétant l’œuvre sans jamais chercher à la déconstruire. Après la reprise de Don Giovanni, celle des Contes d’Hoffmann confirme à quel point les voies de la mise en scène peuvent aujourd’hui diverger. Sept ans après la première (lire ici), sans compter les reprises (lire ici), on reste séduit par le travail du metteur en scène canadien, même si l’on a eu depuis les productions d’Olivier Py à Genève (lire ici) ou de David McVicar à Salzbourg, qu’on peut trouver plus fortes encore. Mais ce jeu aux équivoques perpétuellement entretenues entre l’illusion et la réalité, le théâtre et la vie, avec la représentation de Don Giovanni servant de fil conducteur à l’ensemble du spectacle, convient à merveille au délire de l’artiste nourri de ses propres fictions. On n’avait d’ailleurs pas oublié certaines images : les coquineries provocantes d’Olympia, volontairement outrées ; Antonia errant entre les chaises des musiciens que Miracle triomphant dirigera à la fin ; l’ondulation des sièges de théâtre remplaçant les gondoles, avec Dapertutto en metteur en scène ; Hoffmann et la Muse s’avançant lentement, à la fin, sur le chemin lumineux de la création.


Comme pour Le Chevalier à la rose, l’Opéra a joué de malchance, avec la défection du très attendu Rolando Villazon et de Patricia Petibon. Arrivé quasiment à la dernière minute, Janez Lotric, qui avait déjà chanté le rôle, a impressionné par son assurance, l’homogénéité de sa voix, la qualité très acceptable de son articulation, sa parfaite intégration au spectacle : on pourrait évidemment préférer un timbre plus flatteur, des nuances plus affinées – « O Dieu de quelle ivresse » est chanté à pleine voix -, mais le ténor slovène tient la route jusqu’au bout, sans s’épuiser dans un rôle pourtant très long, retrouvant à la fin, dans la reprise de la Chanson de Kleinzach, ses contre-ut bien campés du début. Sumi Jo, même si le timbre s’est blanchi et l’aigu raccourci, impressionne tout autant : quand on vocalise avec cette agilité, sans pourtant égrener les notes mécaniquement, quand on compose une poupée aussi délurée, on fait plus que remplacer.


Antonia et Giulietta retiennent moins l'attention. Annette Dasch convainc dans son air, joliment phrasé, mais paraît se fatiguer ensuite, avec des aigus laborieux. Nancy Fabiola Herrera, vamp tout droit sortie d’un film américain, ne manque pas de présence ; le recours exclusif à l’ancienne version Choudens, alors que la production propose les deux airs de Niklausse et l’Apothéose finale, la réduit malheureusement à la portion congrue. Belle voix, Ekaterina Gubanova a tort de faire de Niklausse un personnage d’opéra là où il faudrait le maintenir dans la tradition très française de l’opéra-comique. Franck Ferrari, toujours solide, reste trop uniforme, un rien engorgé aussi, ne faisant oublier ni la splendeur vocale d’un Ramey ni la perfidie patricienne et l’intelligence du texte d’un van Dam, ne faisant vraiment corps qu’avec Miracle. Les seconds rôles, sans lesquels il n’y a pas de Contes d’Hoffmann dignes de ce nom, sont heureusement très bien tenus, avec les quatre comiques jamais grotesques de Christoph Homberger, le Spalanzani adéquat de Christian Jean, les Luther et Crespel parfaits d’Alain Vernhes – plus stylé représentant de la tradition française que Franck Ferrari.


Cette reprise a donc ses atouts et ses faiblesses. Elle pâtit surtout de la direction très plate de Marc Piollet, accompagnement incolore, beaucoup trop souvent en décalage avec les chanteurs ou les chœurs. On n’a pas entendu l’orchestre des Contes.



Didier van Moere

 

 

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