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Du soprano au contre-ténor!

Paris
salle Gaveau
01/15/2007 -  
Cantates italiennes: Caldara, Haendel, Scarlatti
Max-Emanuel Cencic (contre-ténor)
Luis Beduschi (flûte), Ronaldo Lopes (théorbe), Francesco Galligioni (violoncelle), Aline Zylberajch (clavecin)

Max-Emanuel Cencic est un jeune contre-ténor qui monte, qui monte… haut! Après avoir longtemps chanté comme soprano, il a retravaillé sa technique pour s’imposer comme contre-ténor et ainsi aborder des rôles plus complexes, plus intéressants. Il avait fait sensation l’année dernière à Toulouse dans le rôle de Néron dans L’Incoronazione di Poppea avant de retourner dans ce même théâtre cet hiver pour un rôle de composition, le prince Orlofsky de Die Fledermaus. Mais c’est dans un registre bien plus classique que Max-Emanuel Cencic se présente ce soir au public de Gaveau: il propose un programme Haendel et Scarlatti, en écho à son enregistrement des cantates de Scarlatti qui le fascinent.



Quelques remarques s’imposent d’emblée sur Max-Emanuel Cencic: la voix est assez petite, le musicien est assez froid et surtout monochrome. Ce n’est qu’à la fin de la soirée, dans la dernière cantate, qu’il ose des choses, qu’il prend plus de liberté avec la musique et qu’il propose enfin une lecture, sa lecture des œuvres chantées. Il possède de très beaux graves corsés, charnus mais il a conservé ses aigus de soprano: il donne l’impression d’avoir deux voix et son instrument n’est pas homogène comme peut l’être par exemple celui de Philippe Jaroussky.
Max-Emanuel Cencic ouvre le concert avec la cantate “Di queste ombrose selve” de Antonio Caldara. Il est sûr que la musique de ce compositeur n’est pas aussi subtile que celle de Haendel mais l’interprétation du contre-ténor n’est guère inspirée. Il porte, en revanche, une très grande attention au texte grâce à une excellente prononciation, fait assez rare pour ces chanteurs. Cette qualité se retrouve dans le début de l’air “Perche mio bene” où il s’appuie sur les “perchè” pour donner une dynamique à la phrase.
Il interprète ensuite la magnifique cantate de Haendel “Mi palpita il cor” mais après avoir entendu Andreas Scholl la chanter au Châtelet il y a quelques années, on trouve les couleurs de la voix un peu restreintes. En effet, la montée sur “mi palpita” n’est pas assez solaire, la voix est trop lourde pour pouvoir laisser échapper quelques notes. En revanche le souffle est très bien contrôlé comme l’attestent les nombreuses vocalises exécutées avec précision (“Agita è l’alma mia”).
Max-Emanuel Cencic se sent finalement bien plus à l’aise dans les œuvres de Domenico Scarlatti. Ses cantates convoquent davantage les aigus du chanteur et il peut alors émettre quelques notes dans le registre suraigu de sa voix même si elle devient plus petite. Dans l’air “Allor ti pentirai”, il fait une pluie de petites notes vives sur “Tutto si fa il piacer”. Mais c’est véritablement dans la dernière partie du concert que le contre-ténor donne toute la mesure de sa voix. Dès les premières notes, il montre nettement plus de puissance vocale, d’intensité dramatique et d’engagement. Il chante la cantate “Qual pensier, qual ardire” avec une ardeur qui se manifeste surtout dans le premier air “So che dall’ala mia vorresti”: il commence le morceau avec des notes très épurées, très belles puis se ressaisit et s’investit totalement dans son chant avec des notes fortes et intenses. Il garde cette même conviction jusqu’à la fin de la cantate pour éblouir le public dans un “Da me si t’allontana” en forme de feu d’artifice vocal.


Les musiciens qui accompagnent Max-Emanuel Cencic sont remarquables. Luis Beduschi fait preuve d’une grande agilité dans la Sonate en trio op. V n°3 de Corelli. Le début du troisième mouvement est absolument magique, avec un duo flûte-théorbe de toute beauté. Le flûtiste est revenu ensuite pour Dix variations sur un menuet du XVIIIe, où il a montré toutes les possibilités d’une flûte: virtuosité, tendresse, multiples nuances, etc…



Un concert qui laisse finalement un peu sur sa faim car on s’attendait à une révélation alors qu’on ne découvre qu’un contre-ténor parmi bien d’autres: il n’exerce pas la même fascination que David Daniels, il ne possède pas la lumière d’un Andreas Scholl ou la distance d’un Bejun Mehta, pour ne citer que les plus grands actuels. Mais laissons-lui le bénéfice de la jeunesse et peut-être se détendra-t-il dans les temps à venir, car de beaux moments pendant le concert laissent présager de grandes émotions sur scène…





A noter:
- Max-Emanuel Cencic sera de nouveau à Paris pour participer à la version concertante de Rodrigo de Haendel au Théâtre des Champs-Elysées, le 23 mai 2007.


Manon Ardouin

 

 

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