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Rostropovitch, Ozawa et Britten a Moscou

Moscou
Conservatoire Tchaikovski
09/16/1998 -  
Benjamin Britten : War Requiem
Texte Missa pro Defunctis et poemes de Wilfred Owen
Traduction russe des poemes anglais par Djemal Dalgat
Eiko Morikawa (soprano), Andrei Slavni (baryton), Badri Maisuradze (tenor)
New Japan Philarmonic (NJP), Mstislav Rostropovitch et Seiji Ozawa (direction)

Soirée Britten mercredi 16 septembre à la grande salle du Conservatoire Tchaikovski de Moscou. Salle comble pour honorer la venue du Maître en tournée du 15 au 19 septembre a Moscou et Saint-Petersbourg, en compagnie du NJP et de son chef Seiji Ozawa. La veille, dans cette même salle, le Maître exécutait le concerto de Dvorak en Si mineur Op.104, devant un public gagne d’avance et enthousiaste. Comme la veille au soir, la soirée du 17 septembre commença par l’exécution des hymnes nationaux russe et japonais, public debout, dirigés par Ozawa pour l’hymne russe et Rostropovitch pour l’hymne japonais, en présence de Boris Eltsine et du Premier ministre japonais. Le message de cette tournée "coeur a coeur" cher à Rostropovitch, est clair, la volonté des deux hommes est d’exprimer l’amitié russo-japonaise. L’oeuvre de Britten retenue, War Requiem, composée en 1962 en hommage a la mémoire de quatre amis disparus pendant la seconde guerre mondiale s’inscrit volontairement dans cette approche: réquisitoire contre la guerre, contre toutes les guerres. Ce n’est pas tant de l’exécution que nous aimerions parler, que de l’oeuvre elle-même, puissante, essentielle. L’oreille critique fut en fait très vite occultée par la musique elle-même, son discours, sa dialectique, et la venue de l’entracte, curieuse dans une oeuvre comme celle-ci, fut ressentie comme une frustration, une pause inutile, peut-être motivée par le départ des "têtes couronnées". Combien d’auditeurs de cette salle comble connaissaient cette oeuvre nécessitant une mise en scène coûteuse et complexe?: au fond, un choeur d’hommes et de femmes, devant celui-ci, une formation orchestrale et son chef, a l’avant de la scène et a la droite de l’orchestre, une formation en quatuor et son chef (contrebasse, violoncelle, deux violons,), au balcon a gauche, un choeur de jeunes garçons de 8 a 15 ans, enfin, devant le choeur au fond, une soprano, et devant le quatuor un baryton et un ténor. Dans l’exécution moscovite du 17 septembre, le NJP est dirigé par Rostropovitch, et Seiji Ozawa est au pupitre du quatuor. La soprano, japonaise, est spécialiste d’oeuvres contemporaines. Elle accompagne en solo le choeur dans une version traditionnelle en latin d’un requiem, et sa prestation sera exacte, droite. Les deux chanteurs sont georgien et russe, et leurs reponses se feront en russe et non en anglais, sur un texte du poète Wilfred Owen. Rostropovitch l’a souhaite ainsi afin que le public moscovite puisse suivre le dialogue de ces deux soldats que le destin va dresser l’un contre l’autre, de façon absurde et aveugle. Le choeur des jeunes garcons symbolise la pureté, le côté le plus élevé de l’homme, janus a face sombre et lumineuse. L’écriture de Britten est libre, laisse la porte grande ouverte a l’âme. L’auditeur s’approprie facilement le discours, le fait sien, et n’est-ce pas la le propre d’oeuvres qui témoignent d’une urgence, d’une vérité immédiate. Moments magnifiques que le dialogue entre la soprano et les solistes masculins, entre l’orchestre et le quatuor. Complexité étrange mais réussie des paroles de la Missa pro defunctis et des vers du poete anglais. Commentant l’oeuvre de Britten, Rostropovitch rapporte ces mots de Chostakovitch entendant un enregistrement de la première réalisée a Londres : "It is the greatest composition of the 20th century". L’oeuvre se veut avoir la portée d’un témoignage fondamental de l’histoire de notre siècle, Britten l’a voulu ainsi, et a mis en exergue ces vers d’Owen:
"My subject is War, and pity of War
The Poetry is in the pity
All a poet can do is to warn"



Chantal Ioffe

 

 

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