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«Jusqu’à ce que la mort nous sépare»

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/14/2007 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 «Pastorale», opus 68 (#)
Maurice Ravel : Ma Mère l’oye (suite)
Albert Roussel : Bacchus et Ariane (Suite n° 2), opus 43

Ensemble orchestral de Paris, John Nelson (direction) (#), Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


«Jusqu’à ce que la mort nous sépare»: une affiche sur une colonne Morris, avenue Montaigne, pour une pièce jouée non loin de là, au Théâtre du Rond-Point, dont le titre prenait une résonance singulière en ce beau dimanche de janvier. Le Théâtre des Champs-Elysées accueillait en effet un hommage à Armin Jordan (1932-2006), dont les deux derniers programmes parisiens avaient également un caractère étrangement prémonitoire: Mort et Transfiguration de Strauss et La Vie éternelle de Schreker dans le cadre d’un cycle «La vie, la mort» à la Cité de la musique en octobre 2005, mais aussi la macabre Quatorzième symphonie de Chostakovitch au Théâtre des Champs-Elysées en février 2006. Ces trois œuvres illustrent en même temps on ne peut mieux le répertoire du chef suisse qui, très attaché au postromantisme germanique – on se souvient de ses interprétations de Zemlinsky, Schmidt ou Schreker, qu’il qualifiait de «génial» – estimait qu’il y avait beaucoup à jeter dans la production de Mozart.


Armin Jordan a marqué la vie musicale de la capitale: pour s’en tenir aux dix dernières années seulement, il est ainsi apparu à la tête de l’Orchestre de Paris, de l’Ensemble orchestral de Paris (EOP), de l’Orchestre philharmonique de Radio France et de l’Orchestre national de France, sans oublier son activité à l’Opéra Bastille. Il n’est donc pas surprenant que deux de ces institutions – l’Orchestre de Paris, qu’il devait diriger le 20 septembre dernier, jour de sa disparition, et l’Ensemble orchestral de Paris, dont il a été le directeur musical de 1986 à 1992 – aient souhaité lui rendre hommage, sous la forme d’un concert gratuit au Théâtre des Champs-Elysées, deux jours après celui qu’il devait donner avec le Philhar’ à Pleyel. Initialement annoncée dans deux lieder de Strauss, Felicity Lott, souffrante, a toutefois dû renoncer à prendre part à cette manifestation.


L’initiative – et son succès, jusqu’au moindre fauteuil de galerie ou strapontin – surprennent d’autant moins que le chef suisse était très apprécié des musiciens – les anciens de l’EOP étaient d’ailleurs au rendez-vous – et du public: une personnalité attachante, modeste, à l’opposé du chef tyrannique, un bon vivant passionné de football et un humoriste volontiers ironique et iconoclaste, dont témoignent les courts extraits d’entretiens radiophoniques diffusés au début de chacune des deux parties du programme, qui soulèvent à plusieurs reprises des éclats de rire dans la salle.


Même si le style de John Nelson et Christoph Eschenbach, respectivement directeur musical de l’Ensemble orchestral de Paris et de l’Orchestre de Paris, n’a pas grand-chose à voir avec celui d’Armin Jordan, il faut rendre justice à l’effort consenti par leurs deux formations, qui ont mis sur pied ce spectacle dans un délai relativement bref et auxquelles on ne pourra par conséquent pas reprocher d’avoir choisi des partitions qu’elles ont récemment pratiquées. Nelson et l’EOP ont ainsi gravé récemment une intégrale des Symphonies de Beethoven pour Ambroisie, d’où ils ont extrait la Sixième «Pastorale» (1808): une approche pleine de vigueur, de générosité et même de puissance, malgré un effectif réduit (trente-quatre cordes), cependant quelque peu ternie par des approximations instrumentales et par une tendance à souligner les effets. Après l’entracte, l’Orchestre de Paris reprend des pages qu’il a présentées en octobre dernier (voir ici): la Suite de Ma Mère l’oye (1910/1911) de Ravel, toujours aussi léchée et soucieuse de détails, et la Seconde suite de Bacchus et Ariane (1930), martiale et rutilante démonstration de virtuosité.



Simon Corley

 

 

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