About us / Contact

The Classical Music Network

Zurich

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une Ariadne 100% zurichoise

Zurich
Opernhaus
12/16/2006 -  et les 20*, 22, 26, 28, 31 décembre 2006, 3 et 6 janvier 2007


Richard Strauss: Ariadne auf Naxos



Emily Magee (Primadonna/Ariadne), Elena Mosuc (Zerbinetta), Michelle Breedt (Komponist), Eva Liebau (Najade), Irène Friedli (Dryade), Sandra Trattnigg (Echo), Roberto Saccà (Tenor/Bacchus), Gabriel Bermudez (Harlekin), Martin Zysset (Scaramuccio), Reinhard Mayr (Truffaldin), Blagoj Nacoski (Brighella), Michael Volle (Musiklehrer), Guy de Mey (Tanzmeister), Randall Ball (Offizier), Andrew Ashwin (Perückenmacher), Ruben Drole (Lakai), Alexander Pereira (Haushofmeister)


Orchestre de l’Opernhaus de Zurich, direction musicale: Christoph von Dohnányi. Mise en scène: Claus Guth, décors et costumes: Christian Schmidt, lumières: Jürgen Hoffmann


Après ses superbes Noces de Figaro cet été à Salzbourg, on attendait avec beaucoup d’impatience la nouvelle production lyrique de Claus Guth. Et les attentes n’ont pas été déçues, tant le metteur en scène allemand a signé, avec son Ariadne auf Naxos à l’Opernhaus de Zurich, un spectacle surprenant, aussi original qu’intelligent, tout entier construit sur l’opposition entre l’art et la vie, entre les apparences et la réalité.


Pour renforcer le côté réaliste du chef-d’œuvre de Richard Strauss, Claus Guth a choisi de transposer l’action à Zurich. La première partie se déroule dans un espace totalement nu, délimité par un rideau blanc, un espace qui figure les coulisses de l’Opernhaus. Car le Majordome n’est autre qu’Alexander Pereira en personne, directeur du théâtre lyrique zurichois, qui joue en fait son propre rôle. Après avoir commencé le spectacle sur scène, il retournera dans sa loge pour donner ses instructions aux personnages sur le plateau.


La seconde partie a lieu à la «Kronenhalle», un restaurant zurichois réputé et chargé d’histoire (Einstein, Chagall et Picasso, pour ne citer qu’eux, y avaient leurs habitudes). Au lever de rideau, Ariadne est attablée devant un verre de vin, le regard hagard, songeant au suicide. La troupe de comédiens et les personnages empruntés à la mythologie grecque sont remplacés par le personnel du restaurant et les clients. Juste avant l’arrivée de Bacchus, Ariadne avale ses somnifères, dans un geste désespéré, et mourra dans les bras de son amoureux, avant le coup de théâtre final, véritable coup de génie, qui verra arriver sur scène le directeur de l’Opernhaus, des roses rouges à la main, suivi par le maître à danser et le maître de musique, applaudissant bruyamment la fin de la représentation. Théâtre dans le théâtre, la diva va alors se lever pour recevoir son bouquet. La boucle est ainsi bouclée dans un effet saisissant.


Cette réussite scénique se double d’une partie musicale et vocale de tout premier ordre, faisant d’ores et déjà de cette Ariadne un des moments forts de la saison zurichoise. Dans la fosse, Christoph von Dohnányi trouve le juste équilibre entre la légèreté et le tragique, sans chercher à épaissir inutilement le son, faisant honneur à sa réputation de spécialiste de Strauss. Sa direction nuancée mais énergique va crescendo au fur et à mesure de l’avancement du spectacle, débutant comme une musique de chambre pour se terminer en véritable explosion sonore. Pour ses débuts à Zurich, Michelle Breedt fait forte impression dans le rôle du compositeur, avec sa voix chaude et sonore et sa verve scénique. La Zerbinetta d’Elena Mosuc étourdit par sa virtuosité, faisant oublier les difficultés techniques du rôle. L’Ariadne d’Emily Magee possède un timbre lumineux et une diction parfaite; ses pianissimi délicats rendent à merveille le caractère mélancolique du personnage. Comme il n’est pas à proprement parler un Heldentenor, Roberto Sacca incarne un Bacchus plus humain que divin, tel que le demande d’ailleurs la mise en scène; le chant est élégant, mais la voix est parfois sous pression. Des peccadilles, tant on frôle l’idéal pour une soirée de rêve!



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com