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La lionne et ses lionceaux

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
12/16/2006 -  et le 14 décembre 2006 (Freiburg)
Piotr Ilyich Tchaïkovski : Francesca da Rimini, opus 32
Ludwig van Beethoven : Triple concerto pour piano, violon et violoncelle, opus 56
Serge Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Martha Argerich (piano), Renaud Capuçon (violon), Gautier Capuçon (violoncelle)
SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Yannick Nézet-Séguin (direction)


Qu’écrire sur Martha Argerich que nous ne sachions déjà ? Tout semble en effet avoir été dit sur cette légende vivante du piano : son tempérament profondément « artiste », libre, rebelle et impétueux, son parcours musical hors du commun, qui lui a permis de côtoyer les plus grands et de se lier d’amitié avec les plus fameux artistes, sa conception très particulière de la ponctualité… S’il est une caractéristique bien connue également, c’est son indéfectible soutien aux jeunes musiciens, qui s’est traduit par la création en 1999 d’un concours de piano qui porte son nom et qui la conduit à promouvoir des jeunes talents grâce à une série de disques chez EMI intitulée « Martha Argerich presents… ». Cet attachement à la jeunesse se manifeste aussi par de nombreuses apparitions au concert aux côtés de jeunes musiciens, dont les frères Capuçon. A elle seule, une telle affiche suffit à attirer la foule des grands soirs vers la Salle Henry Le Bœuf.


Dans le Triple concerto (1803-1804) de Beethoven, Martha Argerich se montre quelque peu en retrait, comme si elle voulait mettre en avant Renaud et Gautier Capuçon, manifestement galvanisés par la pianiste. Dans cette œuvre où la partie de violoncelle est prépondérante, le cadet (né en 1981) valorise un jeu ardent et chaleureux, tandis que Renaud Capuçon fait montre d’une prestation extravertie mais sans effusion incontrôlée. Les trois solistes font chanter leur instrument de la plus belle des façons dans le Largo et s’engagent dans une folle cavalcade dans le Rondo alla Polacca. Ils livrent ainsi un Triple concerto frénétique, parfois nerveux, qui peut frustrer les tenants d’une approche plus classique. Dans ce concerto, il convient d’instaurer un climat chambriste avec les solistes, et c’est exactement ce que fait l’orchestre de la SWR dirigé par le jeune et fougueux Yannick Nézet-Séguin (né en 1975), qui accompagne sans s’imposer, et qui fait à cette occasion ses débuts à Bruxelles.


De la fougue et de l’énergie, il n’en a pas manqué dans le rare Francesca da Rimini (1876) de Tchaïkovski, donné en ouverture. Au sein d’un orchestre chauffé à blanc, la mise en place est excellente et le jeu individuel admirable. Mais on retient avant tout de ce Francesca da Rimini son caractère tempétueux et sa vigueur rythmique. Néanmoins, un manque de recul rend difficilement perceptible la conception d’ensemble : la scène d’amour centrale est quelque peu sacrifiée par rapport aux épisodes qui l’encadrent, davantage mis en relief.


Les Danses symphoniques (1940) de Rachmaninov sont de nature à soulever l’enthousiasme du public, qui ne peut d’ailleurs se retenir d’applaudir avant les derniers coups de percussion… Elles permettent également de passer en revue les différents pupitres de l’orchestre qui s’avèrent dignes d’éloge, en particulier les bois, les cordes, particulièrement opulentes et généreuses, ainsi que le premier violon. Compte tenu du tempérament de Yannick Nézet-Séguin, il n’est pas étonnant d’entendre des Danses somptueuses, vertigineuses et remarquables du point de vue de la précision des attaques.


Preuve de son talent et de la confiance que lui accordent les grandes phalanges, Yannick Nézet-Séguin succèdera à Valery Gergiev à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam à compter de septembre 2008.


Le site de Yannick Nézet-Séguin




Sébastien Foucart

 

 

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