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Le défi DSCH

Paris
Salle Cortot
12/16/2006 -  et 1-10 (Sapporo), 16-19 (Manchester) novembre 2006
Dimitri Chostakovitch : Quatuors n° 5, opus 92, n° 6, opus 101, et n° 11, opus 122

Quatuor Danel: Marc Danel, Gilles Millet (violon), Vlad Bogdanas (alto), Guy Danel (violoncelle)


L’année Chostakovitch s’achève: à l’heure des bilans, ses symphonies, notamment grâce au cycle que l’Orchestre national de France a étalé sur trois saisons, semblent avoir été mieux servies que le reste de sa production, du moins à Paris. Dans le domaine de la musique de chambre, il aurait en revanche fallu se contenter des inévitables Sonate pour violoncelle, Second trio et Huitième quatuor si l’Association «Salon de musique», avec le soutien de l’Association internationale Dimitri Chostakovitch, n’avait pas invité le Quatuor Danel à relever un véritable défi: donner, en trois jours et cinq concerts, l’intégrale des quatuors du compositeur russe, y compris les Deux pièces de 1931 et un Quatuor inachevé de 1961. Heureuse initiative qui, précédée d’une conférence de Frans Lemaire, vient ainsi rendre hommage à une somme d’inspiration sans doute moins irrégulière que le corpus des symphonies et qui n’a sans doute d’égal au XXe siècle que les six Quatuors de Bartok.


Constituée en 1991, la formation française était certes ici en terrain de connaissance, puisqu’elle vient d’en livrer chez Fuga libera un enregistrement remarqué et, pour tout dire, inattendu. Une telle occasion, tenant tant aux œuvres qu’aux interprètes et même au lieu (la Salle Cortot), aurait donc dû susciter un tout autre engouement public: pourtant, seule une petite cinquantaine de spectateurs assistaient à la deuxième étape de ce périple. Il reste donc à espérer qu’il ne s’agissait que d’une désaffection passagère, liée à l’horaire (un samedi en fin de matinée) et au programme (certes pas les trois quatuors les plus célèbres), et qu’organisateurs aussi bien qu’artistes auront reçu au cours des quatre autres concerts la juste récompense de leur travail.


Car avec les contrastes qu’offrent ses sept brefs mouvements enchaînés, le Onzième quatuor (1966) permet d’emblée aux Danel de se distinguer par une mise en place irréprochable. La rage, l’ironie et la laideur restent certes cantonnées dans un registre abstrait, sans excès de pathos, qui traduit non pas une indifférence expressive mais le statut acquis par cette musique, désormais partie intégrante du répertoire. Emmenés par Marc Danel, un violoniste qui, au sens propre, ne touche pas terre quand il joue, les musiciens font en outre preuve d’une belle homogénéité, tandis que les nombreux soli à découvert révèlent en même temps leurs qualités individuelles.


Cette approche convient encore mieux à la facture et à la forme plus traditionnelles ainsi qu’au climat plus détendu du Sixième quatuor (1956), souvent négligé, mais dont le néoclassicisme s’épanouit ici pleinement, avec une éloquence, un équilibre et une maîtrise de la construction mises en valeur par une sonorité fine, claire et transparente. En seconde partie, dans le Cinquième quatuor (1952), plus profond et exigeant, les Danel demeurent toujours aussi solides et traversent avec assurance cette longue aventure intérieure, d’un seul tenant, conduisant à un apaisement qui n’exclut pas les interrogations. Si la retenue émotionnelle prédomine à nouveau dans leur vision, elle ne nuit nullement à la tension des pages dramatiques et confirme un souci de refuser les effets purement extérieurs qui leur vient de la rare familiarité qu’ils entretiennent avec ces quatuors.


Le site du Quatuor Danel
Le site de l’Association «Salon de musique»
Le site de l’Association internationale Dimitri Chostakovitch



Simon Corley

 

 

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