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Haendel en toute modestie!

Paris
Cité de la musique
11/10/2006 -  
Georg Friedrich Haendel : Acis and Galatea
Lucy Crowe (Galatea), James Gilchrist (Acis), Andrew Foster-Williams (Polyphemus), Charles Daniels (Damon), Charles Humphries (chœur),
The King’s Consort
Robert King (direction)

Du 7 au 12 novembre, la Cité de la musique organise une série de concerts autour de Bach et Haendel: des artistes prestigieux sont invités comme Christophe Rousset, Kenneth Weiss, Les Folies Françoises et le King’s Consort, qui donne en version concertante le masque de Haendel Acis and Galatea. Le concert commence assez doucement mais après l’entracte, le drame se met en place, les chanteurs se détendent et la magie de Haendel peut enfin se développer.



Haendel a écrit deux ouvrages sur le thème des amours contrariés entre Acis et Galatée: une version en italien immortalisée depuis peu par Emmanuelle Haïm et son Concert d’Astrée et une version en anglais, plus succincte et peut-être moins inspirée musicalement.
La distribution regroupe des artistes jeunes, dont certains semblent promis à une belle carrière. Lucy Crowe assume avec aplomb le rôle de Galatea. Sa voix est ronde, jolie et souple dans les vocalises même si le timbre est loin d’être singulier. Elle se montre une fine musicienne dans les parties plus subtiles comme son premier air où elle chante son amour pour Acis avec de délicats piani sur “Acis” en attaque de phrase. Le dernier air est particulièrement réussi avec une attention portée à la douleur du personnage. Son nom est à retenir car elle sera parfaite pour tenir des rôles comme Cléopâtre ou Morgana.
James Gilchrist est un Acis doux, sans être fade, impétueux, sans être méchant comme Polyphème. Sa composition est vraiment intéressante car il fait évoluer son personnage au cours du concert et il se sent de plus en plus à l’aise et dans la musique et dans le costume d’Acis. Il a une voix qui pourrait se rapprocher de Mark Padmore pour la virtuosité dans les vocalises et pour l’habileté à avancer une note et à la retirer. Son second air dans la première partie est superbe car il présente la situation avec une franchise vocale puis exécute la reprise sur un mezza-voce qui exprime avec justesse l’amour du personnage pour Galatea. S’il sait filer des sons, chanter des airs lents, il parvient aussi à donner toute la puissance de sa voix pour se battre contre Polyphème dans son dernier air: il y place une énergie et une violence inconnues jusqu’alors. Magnifique!
Polyphème est incarné par Andrew Foster-Williams qui est absolument extraordinaire. Il a tout pour être un méchant crédible: présence scénique, voix puissante, technique parfaite pour les vocalises, etc… Dès les premières notes il s’impose réellement et tente de faire osciller son personnage entre le géant intransigeant et Don Giovanni. Son entrée en scène est remarquée avec des “I rage” tonnants qui effraieraient n’importe quelle Galatea…
Charles Daniels commence aussi assez timidement la soirée mais cette remarque s’évanouit en écoutant ses deux derniers airs. Le personnage qu’il doit camper, est assez curieux car ce n’est pas un héros, ce n’est pas vraiment un comparse… Il rend donc bien cette étrangeté avec une voix qui s’affermit tout en restant aérienne dans les aigus. Il laisse les notes vivre en jouant sur l’acoustique de la salle et il détaille bien les notes de la partition.
Charles Humphries n’a qu’un rôle épisodique dans le chœur mais il sait se faire remarquer avec son timbre et l’élégance de son phrasé. On aimerait l’entendre dans un rôle plus conséquent pour vérifier si les premières impressions se confirment. Il est en tous cas un soutien très important aux autres chanteurs et sa voix se marie très bien avec celles des autres ténors.


La direction de Robert King est un peu sèche au début de la soirée pour s’approcher ensuite au plus près du style de Haendel. Sa vision du compositeur reste assez classique et loin de ce à quoi Marc Minkowski nous a habitués. La flûtiste a eu droit à un triomphe car elle a souvent joué en soliste des airs mettant en scène des oiseaux et elle possède une belle musicalité et un joyeux entrain dans son phrasé.



Après avoir commencé de manière un peu décevante, ce concert s’est achevé sur un triomphe amplement mérité. Les chanteurs possèdent des qualités évidentes pour interpréter Haendel et certains ne tarderont pas à se faire un nom dans le monde de ce compositeur.


Manon Ardouin

 

 

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